À Rue, à une dizaine de kilomètres de la mer, le lycée professionnel du Marquenterre est un des rares établissements en France à proposer une formation en maintenance nautique. Pourtant, la filière peine à recruter et pourrait être en danger.
Des gestes assurés, du matériel professionnel et des bateaux de particuliers à réparer : on pourrait croire à un véritable atelier. Pourtant, au lycée du Marquenterre de Rue, les mécaniciens sont encore tous en apprentissage. Dans sa conception, l'atelier est fait pour travailler dans des conditions réelles.
Un enseignement polyvalent
"Dans le domaine du nautisme, on intervient aussi bien sur les moteurs hors-bord que sur des moteurs in-bord. explique Nicolas Leduc. "On peut aussi intervenir sur tout ce qui est coque, stratification, on fait du masticage, de la peinture... On ne va pas très loin dans l'acquisition des compétences, mais on a une palette qui est très large. Quand les élèves partent d'ici, ils peuvent se spécialiser." Après le baccalauréat, les opportunités sont nombreuses pour ces lycéens, mais cela implique bien souvent de quitter la région vers la Bretagne ou le sud de la France, là où les ports de plaisance sont plus nombreux.
Maxime Doffin n'a pas choisi cet établissement au hasard. "J'ai toujours voulu être professeur de voile, j'en fais depuis dix ans. J'ai fait de la mécanique avec mon grand-père et je suis venu ici. Je me suis dit : 'bateau-mécanique, c'est parfait'." L'élève de terminale est venu de Cergy pour apprendre la mécanique. "Il y avait une école à Conflans-Saint-Honorine, mais au final ici, c'est plus confortable, on a la mer à côté et le Nord, c'est le top." À 17 ans, Maxime passe la majorité de son temps en entreprise et la formation offre beaucoup de débouchés : "j'ai déjà fait des saisons de voile en bénévole et on a déjà voulu m'embaucher dans trois clubs différents."
Sarah Pouteau, élève en première, ignorait tout de la maintenance nautique avant son arrivée au lycée professionnel. "Je me voyais dans quelque chose de manuel, mais pas la mécanique. Au début, ça me faisait un peu peur parce que c'était un milieu de garçons, mais au final non. Je m'y plais bien et à l'atelier, je me sens comme chez moi."
Une filière peu représentée
Alors que cette formation en maintenance nautique peut accueillir jusqu'à 30 élèves, ils ne sont que 12 cette année, tous niveaux confondus, et ce, alors que le lycée professionnel du Marquenterre est situé à quelques kilomètres de la mer. "Notre discipline n'est pas connue", déplore Sébastien Van den Bossche, coordinateur de la section nautique. Le secteur manque d'élèves.
On est quand même à 5 km à vol d'oiseau du lycée. C'est frustrant.
Sébastien Van den Bossche, coordinateur de la section nautique du lycée du Marquenterre
"On met le métier en souffrance, beaucoup d'entreprises ne peuvent pas se développer, justement parce qu'on n'a pas ce personnel-là en face." Sébastien explique ce faible résultat par l'absence de communication dans les écoles : "je pense qu'on n'en parle pas assez dans les collèges. On est allés faire une mise à l'eau au Crotoy et on est tombés sur un professionnel qui fait les balades dans la baie de Somme. C'est quelqu'un qui voit du monde, il est tout le temps sur son bateau, il fait l'entretien, mais il ne savait même pas qu'il y avait une école où on apprenait le métier de mécanicien bateau de plaisance. On était surpris. On est quand même à 5 km à vol d'oiseau du lycée. C'est frustrant."
En France, seuls huit autres établissements proposent ce bac professionnel. Eux aussi peinent à attirer les élèves et cela impacte les entreprises nautiques qui auraient besoin d'au moins 600 nouveaux mécaniciens par an, contre 450 aujourd'hui.