Le plus ancien manuscrit de la Somme vient de Corbie. Il s’agit de la charte de 825 de l’abbaye de Corbie. Les curieux ont pu le découvrir pour la première fois vendredi 9 et samedi 10 décembre.
Samedi 10 novembre, les amateurs ont pu découvrir à la médiathèque de Corbie, la charte de 825 de l’abbaye de Corbie, le plus ancien manuscrit de la Somme, conservée depuis 2018 aux Archives départementales de la Somme.
La veille, une journée d’études était organisée autour du document dans les locaux de la communauté de communes de Corbie, rassemblant universitaires, spécialistes et passionnés. Un événement marquant, car c’était la première apparition publique de l’originale de la charte de 825 de Corbie, dans sa version restaurée.
Un manuscrit rédigé du temps des Carolingiens
Acquis par le Département de la Somme en 2018, la charte de 825 de Corbie est un document patrimonial d'un intérêt historique exceptionnel.
Cette charte, rédigée en latin du temps des Carolingiens, a été accordée en 825 par l'empereur Louis le Pieux (fils de Charlemagne) et son fils aîné Lothaire en faveur de l'abbaye de Corbie, à l’époque le centre monastique le plus riche et le plus célèbre d’Europe du Nord.
Sur la charte le texte suivant, traduit du latin :
"Au nom du Père et de notre sauveur Jésus-Christ, les Empereurs Louis et Lothaire, sachant que Dieu leur a donné le droit d'accorder les justes privilèges et que ce droit leur promet la vie éternelle, et proclamant que, puisque le vénérable Adalard, premier abbé du monastère de Saint Pierre, Saint Paul et Saint Etienne du pays d'Amiens près de la Somme, a demandé la protection impériale pour l'abbaye et ses dépendances, l'abbaye bénéficiera d'une liberté inaliénable, avec ses droits et ses privilèges et qu'il aura le droit d'élire librement leurs abbés, confirment ceci par leurs propres mains et par le sceau impérial".
Jusqu’à la Révolution française, le document est conservé dans le chartrier de l’abbaye de Corbie. En 1836, il est entre les mains d’un banquier et collecteur de la Société des antiquaires de Picardie, Jean-Baptiste Ledieu. À l’époque, le document est décrit comme étant en "bien mauvais état". Le document disparaît ensuite, avant que l’on retrouve sa trace en 1991 lors d’une vente aux enchères. Un collectionneur américain en sera le nouveau propriétaire.
En 2004, le document médiéval est la possession de la société Aristophil, qui le restaure et le met en vitrine à Paris. Le Département l’achètera 14 ans plus tard pour plus de 100 000 € pour le compte des archives départementales.