L'abbaye de Saint Riquier renoue avec les grandes expositions avec Rosemania, une exposition exceptionnelle autour de la rose, de la symbolique à la présence dans l'art, la parfumerie, la haute couture. Un régal pour les yeux et les sens, à voir jusqu'au 16 février 2025.
À travers plus de 300 œuvres issues de 35 prêteurs, des collections publiques et privées, dont notamment plusieurs prêts du Mobilier National, "Rosemania" retrace une partie de l'histoire millénaire de cette fleur sauvage, qui a évolué depuis l'Antiquité pour devenir un symbole culturel et artistique.
Un jardin de roses
Au fil d'un parcours en huit chapitres, les visiteurs remontent le fil de ce récit. Pour commencer, un Jardin de roses nous plonge au cœur de la culture. À la fois fleur d'agrément, plante médicinale et fleur adulée par les parfumeurs.
"La rose dans le parfum, c’est incontournable, observe Georges Victorien, directeur de la culture et des patrimoines au Conseil départemental de la Somme. Elle a été cultivée depuis très longtemps dans le sud de la France, à Grasse, où on a une véritable industrie du parfum qui est née là et qui s’est développée au XVIIIe siècle. Puis, elle va prendre toute son importance au XIXe et au XXe siècle et encore aujourd’hui, cette rose fait partie de notre quotidien. On a tous un flacon de parfum, une poudre, un vêtement avec la présence de la rose."
Dans la parfumerie, la rose est l'ingrédient le plus utilisé. Si elle doit être sentie, elle doit être aussi ressentie à travers les flacons. "On a eu la chance d'avoir des prêts de la maison de Guerlain de Paris, confie Georges Victorien, notamment ces très beaux flacons qui font de la rose une des essences de leurs créations. La rose est glorifiée. Elle est le sujet de prédilection pour les grands parfumeurs français".
"L'important, c'est la rose"
Comme un voyage dans le temps, l'exposition explore la rose dans tous ses états. Abondamment représentée au XIXe siècle dans l'art, les arts décoratifs jusqu'à la parure et aux accessoires de mode. Dans la haute couture, la rose se réinvente en silhouette et en texture. On découvre comment elle change de forme stylistique.
De la mode à la spiritualité, la rose se pare de sens et de symboles, prête à révéler sa dimension sacrée dans la religion catholique.
"La rose est riche d’un symbolisme, notamment spirituel, commente Brigitte Stimolo, conservatrice à la direction de la culture et des patrimoines de la Somme. On la retrouve dans la mythologie grecque et romaine, dans d’autres religions, mais particulièrement dans le christianisme qui l’a mise à l’honneur en la liant particulièrement à la Vierge. La Vierge est nommée 'Rose sans épine', rose mystique où on la voit ici sur des panneaux peints sur bois et sur toile". D'autres ornements liturgiques complètent la collection. Ici, une chape provenant de la commune d'Ault ou là une statue de Sainte-Thérèse de Sains-en-Amiénois.
"La rose est aussi représentée sur ces voiles de calice qui datent du XVIIe siècle, détaille la conservatrice. Ils sont brodés par les Ursulines d'Amiens et de Paris avec une représentation de la Vierge à l'enfant et de l'Agneau sur le Livre aux Sept Sceaux."
Du style en rose
Encensée par les poètes, magnifiée par les peintres, la rose entre dans de nombreux autres domaines, comme dans ce bonheur-du-jour, prêté par le Mobilier National. "C'est une pièce unique qui sort très rarement, précise Georges Victorien. Au départ, c'était un mobilier destiné à l'écriture pour les dames et qui s'est reconverti. On pouvait retrouver des pièces ou des petits mots d'amour. Celui-ci est un meuble incroyable avec des essences de bois d'Amarante et de citronnier. Surtout, il est paré de plaques exceptionnelles de la manufacture de Sèvres qui a été créée dans les années 1740 sur l'initiative de Madame de Pompadour. On voit que la rose est bien présente sous le règne de Louis XV. Et sous Louis XVI avec Marie-Antoinette, la rose sera sa fleur fétiche."
Cette promenade en Rosemania est une immersion totale, où les fragrances de rose poivrée et de rose de mai enveloppent le visiteur. Ce voyage se respire autant qu'il se contemple, éveillant tous les sens.
Avec Sophie Picard / FTV