Pour se protéger des invasions et des pillages après le Moyen Âge, les populations du nord de la France ont creusé un important réseau d'abris souterrains appelés muches. Découvrons des sites de la Somme : des visites que vous pourrez compléter d'agréables balades dans le Ponthieu. (Première publication le 27/07/2020)
Dans toute la partie nord de la France, des souterrains refuges ont été creusés aux XVIe et XVIIe siècles pour mettre à l’abri les populations, leurs biens et leurs récoltes et les protéger des invasions et des pillages. D'anciennes galeries utilisées pour extraire de la craie ont parfois été aménagées.
Ces souterrains sont appelés muches (du verbe mucher en picard, cacher). On utilise aussi les termes de "boves" (à tort, la bove est en fait une seconde cave, qui servait de stockage à l'abri du gel) ou creutes (lorsqu'elles sont aménagées en habitation). Adrien Blanchet, dans son ouvrage Les souterrains refuges de la France paru en 1923, écrit : "Aucune province ne parait posséder plus de souterrains que la Picardie". Notre "province" en compte ainsi environ 300.
Ces muches peuvent être organisées avec rues et chambres, creusées à même la craie ou complétées de galeries maçonnées. Elles ont pu également servir jusqu'au XXe siècle lors des deux guerres mondiales. Elles ne subsistent pour l'essentiel que dans la mémoire collective. Certaines, comme à Naours, ont été remises au jour depuis plus d'un siècle. D'autres sont redécouvertes fortuitement lors d'éboulement ou de travaux. Peu sont effectivement ouvertes au public : dans la Somme, elles sont à Naours, Mesnil-Domqueur, Bouzincourt et Hiermont.
Incontournable : la Cité souterraine de Naours
Ce site de souterrains refuges se visite depuis les années 1930 ! Comme le souligne le site internet de la Cité souterraine : un remarquable réseau de galeries, avec chambres, places, chapelle, et des témoignages de la Grande Guerre à travers des milliers de graffitis gravés par les soldats.
Sur place également : un parc accrobranche et un mini-golf. Ouvert tous les jours en juillet et août.
Des muches dans le Ponthieu
- Domqueur : un site qui ne se visite plus
Le Ponthieu compte une soixantaine de villages qui possède ses muches. Domqueur, avec sa Maison des Muches, est un des sites les plus remarquables, qui a vu passer des milliers de visiteurs. Il est fermé au public depuis un effondrement en février 2018. Aucune réouverture n'est prévue actuellement.
- Insolite : Mesnil-Domqueur, le maire fait la visite
Il s'agit d'un réseau complet et dans son état d'origine, qui a été découvert fortuitement en 2005. Un réseau d'une centaine de mètres sous 10 à 12 m de profondeur, après une entrée… sous l'église.
Pour tout savoir sur ces muches, lire l'article Le souterrain aménagé de Mesnil-Domqueur, paru en avril 2010 dans "La Revue archéologique de Picardie".
- Hiermont : un des sites les mieux conservés du Ponthieu
Une rampe d’entrée de 25 m, 52 m de galerie, 75 chambres réparties en deux rues. L'association Arrras (association régionale de recherche des réseaux anthropiques souterrains), dont le site est une mine d'informations sur les muches dans le nord de la France, organise très rarement des visites, avec aménagements spécifiques pour l'accès (rampe, éclairage), restitutions des fonctions de certaines salles, d'aménagements et d'ateliers d'époque, et exposition dans l'église.
Des balades dans le Ponthieu
- Balade à vélo : Les muches et Saint-Riquier
Une balade de 60 km que l'on peut réaliser en deux fois 30 km, et qui vous permettra de visiter les villages du Ponthieu, d'Agenvillers à Domart, en passant par Domqueur. Prenez le temps de découvrir le patrimoine rural local, le château de Ribeaucourt dont les jardins sont ouverts au public l'été, et de visiter Saint-Riquier.
- La balade centuloise : Saint-Riquier à pied
Une balade de 9 km que l'on peut aisément couper en deux pour prendre son temps ou raccourcir selon ses envies. Une balade pour découvrir un bourg au passé prestigieux, lieu d'une abbaye royale au VIIe siècle.
Avec Didier Trotereau / FTV