Le miscanthus, un biocombustible d'avenir ? Sa culture est en plein essor dans les Hauts-de-France

Avec la flambée du prix de l'énergie, du gaz et de l'électricité, le miscanthus apparaît comme une alternative économique pour le chauffage. Encore méconnue, cette plante peut servir de biocombustible dans les chaudières à biomasse. Dans les Hauts-de-France, sa culture a quasiment doublé entre 2017 et 2022.

Plus de 1 000 hectares sont réservés à la culture du miscanthus dans la région des Hauts-de-France. Un chiffre qui a presque doublé ces cinq dernières années. Et la tendance ne devrait pas s'inverser avec la flambée du prix de l'énergie, du gaz et de l'électricité. Le miscanthus apparait comme une alternative pour le chauffage. Il peut en effet servir de biocombustible sous forme de copeaux dans des chaudières biomasses. 

Dans l'exploitation de la famille Colin, à Hangest-sur-Somme, 245 hectares de l'exploitation sont consacrés à la culture de cette plante originaire d'Asie. Une monoculture lancée il y a 10 ans par cette famille d'agriculteurs, alors parmi les précurseurs au niveau national.

Une culture qui demande peu d'entretien

"Le miscanthus est une culture pérenne. On l'implante pour environ 25 ans. Elle repousse toute seule. Et à partir de la deuxième année de culture, elle ne nécessite ni pesticides, ni engrais, ni intrant d'aucune sorte. On entre dans le champ une fois par an pour la récolte. La plante se suffit à elle-même", expose Grégoire Colin, agriculteur. Sa récolte se fait fin mars, début avril. 

À quelques pas du champ des Colin, se dresse une structure de 5 000 mètres carrés où sont stockées les 3 000 tonnes de miscanthus récoltées chaque année. Les copeaux sont coupés sur mesure pour alimenter les chaudières à biomasse.

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Grégoire Colin, agriculteur à Hangest-sur-Somme. ©Augustin François-Poncet / France Télévisions

"Au moment de la récolte, on choisit la longueur de coupe à l'ensileuse. Les copeaux font environ trois centimètres de long. C'est le calibre le plus polyvalent qu'on ait, et qui convient pour les chaudières en biocombustible. On les incorpore directement dans la chaudière et on les brûle pour créer de la chaleur", détaille Grégoire Colin.

L'agriculteur samarien voit l'avenir avec sérénité. Selon lui, la transition écologique assure de futurs débouchés à sa production. "On a la volonté de s'affranchir des ressources non durables comme le pétrole ou le gaz. Pour le miscanthus, on note un certain développement qui va prendre un peu de temps parce que ce sont des projets d'une certaine ampleur. Il faut que la machine se mette en marche. Aujourd'hui, on a de belles perspectives pour le miscanthus", estime-t-il, confiant.

Un biocombustible économique

Parmi les clients des Colin, la Mutualité sociale agricole (MSA) de Picardie, située à Boves, dans la Somme. La MSA a choisi d'abandonner le gaz pour passer à une chaudière à biomasse. En 2022, elle a consumé 59 tonnes de copeaux.

"En 2017, on a eu beaucoup de mal à faire valider le miscanthus parce que c'était nouveau, on se demandait pourquoi partir là-dessus alors que le gaz était simple, il suffisait d'allumer et on était fourni", se souvient Romain Borgoo, responsable secteur patrimoine et sécurité à la MSA Picardie.

Deux ans plus tard, l'investissement est pourtant déjà rentabilisé. Contrairement au gaz ou à l'électricité, le miscanthus ne connaît pas d'inflation. "On est à peu près à 3,60 euros du mètre carré par an en chauffage, donc on consomme moins de 18 000 euros. Sur notre vieux bâtiment à Amiens, on était à plus de 70 000 euros", explique Romain Borgoo.

En plus de l'intérêt économique, cette nouvelle source de chauffage limite considérablement l'empreinte carbone du bâtiment éco-conçu de 5 000 mètres carrés. "On fait des économies de fonctionnement, des économies de CO2 pour la planète et on a un partenariat local assez fort avec un agriculteur donc on est super content", souligne Romain Borgoo.

De nombreux débouchés

Encore méconnu, le miscanthus est en constante progression ces dernières années dans les Hauts-de-France. De 400 hectares en 2015, sa culture s'étend sur plus de 1 000 hectares sept ans plus tard. Le département de la Somme reste le premier producteur avec, à lui seul, près de 400 hectares. Une filière en plein essor, avec de nombreux projets en perspective.

"Nous sommes contactés régulièrement par des sociétés telles qu'Engie, GRDF ou bien TotalEnergies, qui sont à la recherche de biomasse. Mais aussi pour des conversions de réseaux de chaleur, qui fonctionnent actuellement avec des hydrocarbures ou du charbon, et qui voudraient passer à la biomasse", appuie Alain Jeanroy, président de France Miscanthus.

Si le chauffage ne représente que 20 % des débouchés de la filière, ce chiffre devrait sans doute grimper dans les prochaines années. Le miscanthus peut aussi être utilisé comme litière pour les animaux (52% de sa production), pour la rumination des bovins, et comme paillage horticole ou viticole. Il pourrait également être utilisé dans la conception de produits biosourcés. Le miscanthus a de beaux jours devant lui. 

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