Des opérations de dépigeonnage, en pleine nuit et par armes à air comprimé, ont été autorisées par la municipalité d’Ault (Somme), fin mai 2024. PAZ, une association de défense des animaux, dénonce la méthode employée.
En raison d’une "importante dégradation des espaces publics et des gênes pour la population", d’un "risque sanitaire" ou encore d’un "problème de sécurité et de salubrité publique", la municipalité d’Ault a pris deux arrêtés pour réguler la population de pigeons présente sur son territoire.
Les 21 et 27 mai 2024, entre 21 heures et 2 heures, une société est ainsi intervenue sur la station balnéaire pour effectuer des tirs sur des pigeons avec des armes à air comprimé. "Les animaux prélevés seront ramassés, comptabilisés et mis dans des sacs d’équarrissage", précise les arrêtés municipaux.
"Ils sont les oubliés de la cause animale"
"Le tir est une méthode stressante et douloureuse pour les pigeons. De plus, les pigeons blessés peuvent souffrir très longtemps avant de mourir", dénonce l’association PAZ (Projets, Animaux, Zoopolis) dans un communiqué, publié ce mardi 4 juin.
"Les pigeons sont omniprésents dans les villes et pourtant ils ne sont pas pris en compte. Ils sont les oubliés de la cause animale", commente Amandine Sanvisens, cofondatrice de PAZ. Selon cette militante, des méthodes "éthiques" existent : "Il y a par exemple le pigeonnier contraceptif : une sorte de cabane dans laquelle il faut nourrir les pigeons, nettoyer et secouer leurs œufs pour empêcher les naissances."
Il existe aussi le maïs contraceptif. Les pigeons étant granivores, il s’agit de les nourrir avec ce maïs qui est entouré d’une substance contraceptive, tous les jours, à la même heure, au même endroit.
Amandine SanvisensCofondatrice de l'association PAZ
Une pétition en ligne, intitulée "stop au tir au pigeon à Ault dans la Somme", a été créée. Elle compte 26 462 signatures, ce 4 juin 2024. Contacté, Marcel Le Moigne, maire d'Ault, n’a pas souhaité s'exprimer, indiquant qu'il bénéficie du "soutien d'une grande partie de la population" qui compte environ 1 300 habitants.
Quid des autres villes des Hauts-de-France ?
"Notre objectif, c'est d'interdire les méthodes létales et pousser le gouvernement à agir", explique Amandine Sanvisens. Depuis deux ans, l’association PAZ recense les méthodes utilisées par 250 villes françaises. Une quinzaine de communes des Hauts-de-France sont ainsi répertoriées sur la carte interactive ci-dessous.
Si Amiens ou Calais ne mènent aucune action de régulation, la ville de Creil assume avoir recours au gazage au dioxyde de carbone. Roubaix et Beauvais ont cessé de capturer des pigeons et opté pour des pigeonniers contraceptifs.
Amandine Sanvisens cite le cas de la ville de Lille : "La mairie a annoncé que des pigeonniers ont été remis en route, sans pour autant annoncer la fin de la capture au gazage, à notre connaissance." En décembre 2023, l'association PAZ avait mené une action dans le centre-ville.