Législatives 2024. "Les entreprises ont besoin de stabilité" : les entrepreneurs face à l'incertitude des prochaines élections

La dissolution de l’Assemblée nationale et l’annonce des élections législatives par Emmanuel Macron, dimanche 9 juin, ont entraîné une instabilité politique et une inquiétude de la part du monde économique. À différents niveaux, commerçants locaux et chefs d’entreprises redoutent la montée de l'extrême droite et du Nouveau Front populaire.

"La première réaction qu’on a eue, c’est l’inquiétude du présent. On verra pour le futur, en fonction des élections." Stephan De Butler, président du Medef Somme, résume le sentiment qui a traversé le monde économique et les chefs d’entreprise, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives par Emmanuel Macron.

Or, comme le souligne Thomas Dallery, économiste et professeur à l'université de Boulogne-sur-Mer, l'incertitude est "le combat" des chefs d'entreprises. Ils prennent "des décisions qui engagent un avenir dans lequel ils essayent de se projeter". 

Crainte de voir "les arbitrages se faire au détriment de la France

À Amiens, certains commerçants s’inquiètent pour leurs chiffres d’affaires en ces temps d’instabilité politique. D'autres, comme un patron de tabac presse ne se dit pas "particulièrement inquiet". Il préfère attendre l’issue du scrutin, au soir du 7 juillet, pour se prononcer.

Ce dernier compare cette période de peur à celle qu’il a connue avec le renversement de la droite en 1981. "Dans mes années de jeunesse, quand François Mitterrand est arrivé au pouvoir, au soir du 10 mai, il y avait des gens très inquiets sur leur avenir. Il y avait beaucoup de peur aussi chez les commerçants, chez les chefs d’entreprise. Et puis, au final, la vie a continué."

Du côté de Stéphane Decayeux, patron d'une grande entreprise de la Somme, qui emploie 600 salariés en Europe, dont plus la moitié à Feuquières, la crainte est bien présente. Le chef d'entreprise, qui se décrit comme "gaulliste" et "pro-européen", a toujours privilégié le made in France. Mais il a peur de cette bipolarisation du débat. 

"La crainte, c'est de voir arriver au pouvoir, soit un parti avec le NPA qui est anticapitaliste, soit un parti d’extrême droite qui n’a jamais gouverné. Et je préférerais largement investir dans des pays qui sont stables que dans un pays où on paye plus d’impôts qu’ailleurs. Et avec une instabilité politique et économique qui met en danger l’ensemble de la pérennité de mon groupe." Il estime que l’arrivée au pouvoir d’un des deux camps aurait pour conséquence de voir "les arbitrages se faire au détriment de la France". 

Le milieu économique avait été rassuré par tout un tas de mesures d’aides

Thomas Dallery

Économiste et professeur à l'université de Boulogne-sur-Mer

Stéphane Decayeux indique avoir ramené "des sites qui étaient en Hollande sur le marché français". À ce jour, il estime que certains scénarios politiques "risquent de condamner un certain nombre d'investissements qui devaient être faits."

Une instabilité politique qui suspend les prises de décisions

Pour Thomas Dallery, "le milieu économique avait été rassuré par tout un tas de mesures d’aides publiques aux entreprises, d’abaissement de la fiscalité sur les profits sur les dix dernières années, depuis qu'Emmanuel a été ministre de l’Économie". Des mesures en faveur des entreprises qui ont pu profiter de la stabilité politique pour pouvoir se projeter dans le long terme.

Du côté du Medef Somme, le constat est aussi préoccupant. Le futur inquiète autant que le présent. "Les entreprises ont des cycles de vie relativement longs. Et de voir ces soubresauts qui font que les visions politiques peuvent changer tous les six mois, tous les ans, tous les deux ans, ça pose un problème parfois aux entreprises qui ont besoin de cette stabilité. Vu les engagements qu’elles prennent."

Thomas Dallery rappelle que les entreprises ont également une forme de "pouvoir politique", en fonction de leur réaction. Une riposte qui sera par ailleurs différente en fonction de la taille des entreprises. "Elles n’ont pas le même impact économique. Un patron de PME, sa décision d’investir ou pas, ça ne changera pas la face du monde. Si vous avez un grand groupe qui décide d’implanter une nouvelle usine sur un territoire, ou ne pas le faire, là ça un impact économique plus important."

Le monde économique est donc suspendu aux résultats des élections législatives pour pouvoir déterminer sa feuille de route.

Avec Christelle Juteau-Lermechin / FTV

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