Chloé Nollet a tout juste 21 ans et déjà le goût d'entreprendre : il y a presque un an, elle crée FLM (prononcez flemme), une application de livraison de repas à domicile autour de sa ville d'Albert dans la Somme. Une alternative rurale aux géants du secteur, qui ne livrent généralement qu'en ville. Sa petite entreprise décolle à toute vitesse.
Avoir la flemme de cuisiner, pour les habitants des villes, c'est possible : de nombreux services de livraison à domicile desservent les zones urbaines. Mais à la campagne, comment faire ? Les habitants d'Albert et Corbie dans la Somme, ainsi que des villages environnants, ont maintenant une solution avec l'application FLM.
C'est pendant le confinement que Chloé Nollet, Albertine de 21 ans, a imaginé cette application dont le slogan est "Paie ta flemme !". Lancé en janvier 2023, ce nouveau service a déjà enregistré 3000 commandes et la jeune entrepreneuse a de grandes ambitions.
"C'est ce qui manquait à Albert !"
Qu'ils soient clients réguliers ou commandent pour la première fois, toutes et tous accueillent Chloé avec un immense sourire.
"C'est rapide, encore chaud, que du bonheur ! On est un petit village loin de tout, c'est la première fois qu'on commande, on avait la flemme de faire à manger ce soir donc c'est parfait !" s'enthousiasme Bruno Diruit.
"Avec mon mari, on a démarré à 24 ans, c'est super que des jeunes se lancent aussi"
Marie Gambart, gestionnaire du Kiosque à pizzas d'Albert
"On n'a pas besoin de se déplacer, en ayant une petite qui dort, c'est impeccable. À part la pizza qui livre, sur Albert, il n'y avait rien, donc c'est ce qui manquait à Albert !" répond quant à lui Julien Vimeux en réceptionnant son kebab.
Les restaurateurs aussi y trouvent leur compte. "Ce service est impeccable, on gagne du temps, cela réduit l'attente à la boutique, salue Brahim Abitrou, restaurateur. Ça nous apporte des clients plus distants, à 5 ou 6 kilomètres. Elle est jeune, mais elle gère ça très bien, on n'a jamais eu de problèmes."
"Ça manquait et on n'a pas la structure pour livrer. On fait une centaine de pizzas par mois avec Chloé, c'est un plus, relève Marie Gambart, gestionnaire du Kiosque à pizzas d'Albert. On trouve ça bien qu'il y ait des entrepreneurs qui se lancent. Avec mon mari, on a démarré à 24 ans, c'est super que des jeunes se lancent aussi, elle persévère, elle donne tout !"
Chloé Nollet assure en effet elle-même une partie des livraisons, en plus de son emploi de réceptionniste de nuit dans un hôtel. Elle emploie aussi quatre livreurs.
"J'ai envie de pousser FLM jusqu'au bout"
Les journées de l'entrepreneuse sont chargées. "Je finis à 7 heures du matin, je dors, je me lève vers 15 heures, je fais de la publicité et de la comptabilité, un peu de prospection, les investissements matériels nécessaires pour améliorer les conditions de travail et la visibilité de la marque" énumère Chloé Nollet.
" On fait environ une vingtaine de commandes par jours, je pensais atteindre ça en trois ans ! "
Chloé Nollet, créatrice de FLM
Un investissement total qu'elle ne regrette pas : "J'adore aider les restaurateurs, je contribue à leur chiffre d'affaires et pour moi, c'est génial, surtout par rapport à la situation économique actuelle. C'est tout ce que je demande."
Aider les restaurateurs, c'est en effet le but premier de son projet, pensé pendant la crise sanitaire. "Durant le COVID, des entreprises en difficulté devaient elles-mêmes livrer, c'était très compliqué pour elles, je voulais les aider et je voulais construire mon entreprise. C'est mon petit bébé, ma première entreprise, on va voir où ça me mène. J'ai envie de pousser FLM jusqu'au bout !"
Un décollage en flèche
Si elle ne se verse pas encore de salaire, Chloé Nollet est tout de même très impressionnée par la vitesse à laquelle son service se développe. Après Albert, FLM livre depuis le mois de juillet dans une deuxième ville, Corbie, un peu plus de 6000 habitants.
ECO - "La livraison de repas est un marché gigantesque" Juliette Bijaoui de @frichtifrichti https://t.co/SGSI6YRQNZ
— franceinfo (@franceinfo) April 7, 2016
"Le nombre de livraisons correspond largement à mes objectifs, j'ai déjà atteint le maximum que j'envisageais à court terme. On fait environ une vingtaine de commandes par jours, je pensais atteindre ça en trois ans ! sourit l'entrepreneuse. Normalement, une entreprise met 3 à 5 ans à être rentable, je l'ai été dès le début, le premier mois, donc c'est une belle fierté."
Sa prochaine priorité est de pouvoir payer ses livreurs "un bon salaire, pour les fidéliser." Quant à ses projets personnels, la jeune femme voit les choses en grand : "Je vois mon avenir dans un van, à gérer FLM à distance en faisant le tour du monde !" Quoique lui réserve l'avenir, Chloé Nollet semble décidée à innover avec toute la force de sa volonté.
Avec Paul Thiry / FTV