Des maires excédés par les dépôts sauvages sur leurs communes : "malheureusement la justice ne nous suit pas"

Longueau et Cagny, deux communes situées à proximité d'Amiens dans la Somme, font face à de multiples dépôts sauvages sur leurs territoires. Malgré la présence de vidéoprotection et des dépôts de plainte, les municipalités déplorent le manque de poursuites judiciaires et veulent mobiliser sur le sujet.

"Un dimanche soir, à 18h30, ils sont arrivés avec une camionnette. Ils ont déposé des sièges ainsi que l’avant d’une voiture désossée", raconte Pascal Ourdouillé, maire (DVG) de Longueau. Immédiatement, l'édile dépose plainte pour dépôt sauvage : "Nous avons l’immatriculation du véhicule, on voit bien les deux individus sortir et apporter les sièges ici."

Car la commune a installé de la vidéoprotection à proximité de ses points d’apports volontaires : "Ce n’est pas normal d'investir dans une caméra qui nous a coûté 10 000 euros pour chasser ce genre de comportements."

Mais en ce mois d'août 2024, Pascal Ourdouillé est excédé : "Ce n'est pas la première fois que nous portons plainte. Depuis que je suis élu, depuis quatre ans, on le fait dès lors qu'on identifie clairement les individus à l'origine de ces dégradations. Malheureusement, la justice ne nous suit pas. Ces affaires sont classées sans suite et c'est cela qui m'énerve le plus !"

Nous avons la chance d’avoir deux déchetteries à moins de 10 minutes de Longueau, à Camon et Amiens-Sud. Je ne comprends pas pourquoi on vient mettre des déchets ici.

Pascal Ourdouillé

Maire (DVG) de Longueau

Municipalités et usagers indignés

À Longueau, sur la benne mise à disposition pour collecter les déchets verts, une pancarte rappelle que "l’abandon de déchets à proximité de cette benne est interdit et passable de poursuites et d’amendes de 150 euros".

Alors que certains usagers défilent avec leurs végétaux ce mardi 6 août, certains s’indignent : "Les gens jettent n’importe quoi. La fois dernière, il y avait une boîte de vitesse ou des pneus", s'exaspère Jacques, habitant. "S’ils ne sont pas punis, ils reviendront !", ajoute José. 

Un constat unanime dans la métropole d'Amiens

À deux kilomètres de Longueau, Cagny, commune de 1 200 habitants. Alain Molliens, maire depuis 2014, fait aussi face aux dépôts sauvages : "C’est un sujet pour les 39 maires de la métropole amiénoise que je connais, on est tous confrontés à ce problème qui est un véritable fléau."

À chaque nouveau dépôt sauvage, l'édile a donné la consigne de rechercher un nom, une enveloppe ou une adresse. "Systématiquement, j’allais déposer plainte, mais la police m’a dit que ça ne servait à rien car la justice ne pouvait pas se servir d’une enveloppe avec une adresse." L’édile décide alors de contacter lui-même les personnes identifiées, en leur demandant de venir récupérer les dépôts laissés sur sa commune. "8 fois sur 10, ça marchait. Je faisais une leçon de morale et ça s’arrêtait là", se souvient-il.

Récemment, Alain Molliens a opté pour une nouvelle technique : "L’association France Nature Environnement m’a proposé de mettre des 'pièges photographiques'. Il s’agit d’appareils photos que l’on met sur certains endroits."

J’ai des superbes photos de personnes que l’on voit en gros plan, avec leur voiture et leur plaque d’immatriculation qui viennent jeter leurs déchets.

Alain Molliens

Maire de Cagny

Muni de ces documents, l’édile assure avoir déposé plusieurs plaintes. "Cela fait six mois et depuis, il ne se passe rien", souffle-t-il. "C’est peut-être le temps d’instruction, mais nous, on vit ça au quotidien. Forcément, si on attend, c’est une incitation à continuer... Là, je suis un peu désabusé."

Déterminé à agir sur le sujet, Alain Molliens rencontrera prochainement le préfet et le sénateur Stéphane Demilly. 

Avec Rémi Paquelet / FTV 

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