Le groupe, qui produit des flacons de verre, dit affronter les répercussions de la crise sanitaire et "une chute des commandes d'une ampleur inégalée". Environ 70 postes administratifs ou supports pourraient être supprimés et 20 autres pourvus.
Au fil des semaines, les conséquences de la crise sanitaire défilent. Cette fois, c’est le secteur verrier qui est touché : ce mercredi 28 octobre doivent se tenir les premières réunions entre syndicats et la direction de Verescence. Le "leader mondial du flaconnage en verre pour les industries de la parfumerie et de la cosmétique" dispose de sites dans la Somme, à Albert et à Mers-les-Bains.
Cette dernière implantation se trouve, avec le siège, au cœur du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé le 20 octobre dernier. Dans un communiqué, la direction dévoile son intention de supprimer 70 emplois administratifs ou supports et en modifier 25. Le bilan serait complété par des recrutements sur 20 postes, "à créer ou actuellement vacants". "Les emplois directs de production ne seraient pas touchés par ce plan, précise-t-elle, l’entreprise envisageant un recours au dispositif d’activité partielle de longue durée."
La crise sanitaire a fait plonger le marché du flaconnage de luxe de plus de 30% en 2020 et a accéléré ses mutations structurelles. Face à une chute des commandes d’une ampleur inégalée, le groupe Verescence a absorbé le choc en activant de nombreux leviers pour protéger sa trésorerie et a lancé sans tarder un plan de rationalisation de ses dépenses tout en continuant à investir dans l’outil de production.
Ce projet, dont les modalités peuvent encore évoluer, n’a pas tardé à faire réagir les organisations syndicales. Dans une lettre ouverte, cosignée notamment par le député de Seine-Maritime Sébastien Jumel et le maire du Tréport Laurent Jacques, la CGT appelle les clients de l’entreprise, dont L’Oréal, LVMH ou Yves Rocher, à faire preuve de "patriotisme économique".
Si nous ne contestons pas la réalité de l’épaisseur de la crise que nous traversons, et dont il est difficile de mesurer la durée, cette situation ne doit pas être une fatalité. Il suffirait demain que les groupes français du luxe, qui font appel à la production verrière de la vallée de la Bresle mais effectuent également à l’étranger des commandes de verre à hauteur de 200 millions d’euros, pour un différentiel de prix de quelques centimes d’euros par flacon, rapatrient une part de ces […] commandes extérieures.
Piste alternative : pour le syndicat, il suffirait d’un prix d’achat de 2 centimes de plus par flacon pour couvrir "les 3,4 millions d’euros d’économie pour Verescence sur le PSE". "Le luxe passe par l’image de la France, du made in France, appuie Jérôme Letout, représentant du personnel, au micro de France 3 Normandie. Il faut que ça ait un sens. Aujourd’hui, on appelle les grands acteurs à se mettre au tour de la table." Avec la direction, le dialogue débute ce mardi, et doit se poursuivre jusqu’en janvier.