En février 2018, Jean-Noël Bloquel, agriculteur à Allery, a été tué à coups de marteau dans sa ferme. Le meurtrier présumé, un homme de 21 ans qui a avoué les faits, sera jugé lundi 10 et mardi 11 février aux Assises de la Somme.
L'affaire avait profondément choqué les habitants d'Allery, village de 750 habitants, près d'Airaines dans la Somme. Le 13 février 2018, en plein après-midi, Jean-Noël Bloquel est mort dans sa ferme.
C'est son frère Jean-Bernard, avec qui il vivait là depuis des décennies, qui l'a retrouvé agonisant, avec une plaie à la tête. L'homme de 55 ans est décédé quelques instants plus tard, sans que les secours ne puissent faire quoi que ce soit.
Très rapidement, Loïc Barzic, un jeune homme de 20 ans qui habite dans le village, est interpellé par la gendarmerie d'Abbeville et placé en garde à vue. Après avoir nié dans un premier temps, il finira par avouer les faits, reconnaisant avoir porté plusieurs coups de marteau à l'agriculteur et s'être ensuite enfui de la scène du crime. Il a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire.
Le mobile en question
Tout juste deux ans après le drame, Loïc Barzic s'apprête à passer devant les assises de la Somme. Et tout porte à croire que c'est le mobile qui sera la question centrale du procès. À l'époque, le parquet parlait déjà d'une "altercation pour un motif futile". D'après les avocats de la défense, maîtres Thomas Louette et Stéphane Diboundje, l'accusé évoque des "propos désobligeants" qu'aurait tenu la victime à propos de sa petite amie de l'époque. Un élément qui aurait pu, d'après eux, déclencher la colère de Loïc Barzic, mais la défense affirme que c'est parce qu'il était alcoolisé que le jeune homme a eu une réaction si violente.
Mais la version du frère et de la soeur de la victime diffère en tous points. "Ce qui apparait dans le dossier, c'est que monsieur Barzic avait volé la carte bleue de Jean-Noël. On sait d'ailleurs qu'il s'en est servi pour faire un achat sur internet.", explique leur avocat, maître Guillaume Demarcq. "Jean-Noël s'en est rendu compte, il a fait opposition et il en aurait parlé à Loïc Barzic. C'est ce qui apparait être le motif, même si l'accusé ne le reconnait pas." En effet, d'après ses avocats, Loïc Barzic nie le vol de carte bleue.
Deux jours de procès
À la veille du procès, le jeune homme de 20 ans "est très stressé, il appréhende", nous a confié maître Louette. "Il a demandé à être mis à l'isolement. Il est anxieux, il fait des cauchemars. Il revit la scène avec des flashs qui lui reviennent." Son avocat décrit un jeune homme fragile, ébranlé par une enfance difficile, mais qui "a envie de rendre compte de ses actes."
Il devra faire face au frère et à la soeur de la victime, qu'il avait déjà revus à l'occasion de la reconstitution en mars 2019. "Ils espèrent que justice sera rendue. Ils sont toujours dans l'incompréhension (...), c'était inenvisageable pour eux que leur frère décède dans conditions", explique maître Demarcq. "Ils attendent une peine qui soient à la hauteur de cet acte."
Loïc Barzic encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.