Vendredi 07 février 2025, la cour d’assises de l’Oise a condamné, en appel, le principal accusé du meurtre de Mathéo à 30 ans de réclusion criminelle. Six de ses complices ont écopé de 1 à 8 ans d’emprisonnement. Un verdict qui ressemble "furieusement" à celui rendu en première instance.
À l’issue d’une journée de délibérations et après deux semaines d’audience au tribunal de Beauvais, les jurés ont condamné en appel Aresky Razibaouene, principal accusé du meurtre de Mathéo, à 30 ans de réclusion criminelle, comme en première instance, une peine plus lourde que les 25 ans requis par l'avocat général.
Six de ses complices, non condamnés pour meurtre en première instance, écopent de peines plus légères, allant de 1 à 8 ans d’emprisonnement. Le parquet avait requis 12 à 16 ans de réclusion pour les coaccusés.
"C'est évidemment excessivement décevant pour la famille de Mathéo"
"Le verdict ressemble furieusement à celui de première instance", souligne Me Marc Blondet, avocat de la famille. L'homicide n'a pas été reconnu "pour les autres, il fallait s'y attendre, mais c'est évidemment excessivement décevant pour la famille de Mattéo". Les autres accusés ont écopé de peines "qui soit sont égales, soit deux ans de moins, deux ans de plus".
La famille voulait faire "reconnaître par la justice une espèce de responsabilité collective de tout le monde dans les faits qui ont conduit au meurtre de Mattéo. Il y a eu un effet de groupe. Juridiquement, c'était difficile, voire impossible pour la Cour de formaliser cet état de fait", détaille-t-il. Selon lui, Aresky Razibaouene n'a pas agi seul, et si c'était le cas, "cette tragédie ne serait jamais arrivée".
De son côté, Me Messaouda Yahiaoui, avocate d'un des coaccusés, note que "la qualification de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner" n'a pas été retenue, comme l'avocat général l'avait demandé, c'est la "participation aux violences" qui l'a été. Aussi, "ce qui est important, c'est que cette qualification de meurtre, qui avait été retenue pour tout le monde", ne l'a finalement pas été.
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Une traque aux "Parisiens"
Pour rappel, le 26 janvier 2020, Mathéo, 19 ans, avait été tué par arme blanche alors qu’il se trouvait avec son frère et un ami, dans une voiture immatriculée "75", quartier Etouvie à Amiens. Une plaque laissant supposer qu’il résidait à Paris.
Être "Parisien", c'est le mobile du meurtre de Mathéo, tué de plusieurs coups de couteau par une bande d’Amiens Nord qui cherchait à se venger d’un groupe de Parisiens. Mathéo, pourtant Amiénois, a payé de sa vie une expédition punitive menée par huit individus.
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Peine collective non retenue en première instance
À l'issue du procès qui s'était tenu il y a un an, le 5 février 2024 aux Assises de la Somme, un homme avait été reconnu coupable du meurtre de Mathéo. Aresky Razibaouene était condamné à 30 ans de réclusion criminelle tandis que les sept autres participants à la rixe n’étaient pas condamnés pour meurtre, mais dégradations et violences. Les avocats généraux avaient requis que l’ensemble des accusés soient condamnés pour meurtre, "au nom de la coaction", mais la Cour les avait finalement acquittés. Quelques jours plus tard, le parquet interjetait appel.
Le lundi 3 février 2025, alors que débute la deuxième semaine du procès, l’audience a pris une tournure inattendue. Le principal accusé a demandé la parole et a formulé des aveux, après cinq années de silence. "Il a dit qu’il était responsable de la mort de Mathéo", relate son avocate, Elise Arfi. Aveux qu’il a réitérés, ce vendredi 7 février, à l'issue des plaidoiries.
Après le verdict rendu en appel, les parties ont désormais quelques jours pour se pourvoir en Cassation.
Avec Camille Di Crescenzo / FTV