Depuis plus d'un an, Roseline et Alain Remue, respectivement âgés de 71 et 66 ans, souhaitent vendre leur fonds de commerce situé à Roye, dans la Somme. En cette fin d'année 2024, ils lancent un appel pour trouver un repreneur à leur restaurant.
"Vous voulez racheter ? Il paraît que vous êtes un bon cuisto !" Au moment d’encaisser l’une des 21 tables du midi, vendredi 25 octobre, Roseline Remue plaisante avec ses clients. La proposition est pourtant bien réelle : depuis plus d’un an, elle et son époux, Alain, tentent de vendre le fonds de commerce qu’ils ont créé il y a maintenant 13 ans.
"Dommage pour nous", réagit Régine, habitante des alentours de Roye (Somme). "On vient minimum une fois par mois, depuis trois ans. C’est copieux, une cuisine maison et avec de la convivialité. C'est tout ce qu’on recherche."
C’est dommage. Il faut retrouver quelqu’un pour que ce soit aussi bien. Eux, ils ont besoin de se reposer.
Hervé, client habitué
Une retraite attendue
Chaque matin, Alain, 66 ans, se réveille à 5 heures pour préparer ses plats du jour. Roseline, 71 ans, assure quant à elle derrière le bar. Un service tous les midis, du lundi au dimanche, sept jours sur sept. "Au retour des vacances, j’ai dit à mon mari que s’il voulait que je reste, il fallait fermer le lundi pour tenir", confie celle qui a tout appris sur le tas, après avoir travaillé trente ans à La Redoute.
"C’était 13 ans de bonheur. On a bossé dur, mais 13 ans de bonheur", sourit Alain qui se souvient de la fête de la musique, des soirées Beaujolais nouveau ou Saint-Valentin... "Maintenant, on aimerait pouvoir profiter."
Les bilans sont bons. J’ai beaucoup d’habitués et je voudrais que ça reste un bar restaurant. On ne veut pas avoir travaillé pour rien.
Alain Remue, gérant du restaurant La taverne
Depuis trois ans, leur fille Sylvie s'occupe du service. Elle aussi a le même souhait : "Je voudrais que ce soit vite vendu par rapport à l’âge de ma mère. Juste qu’elle profite un peu de la vie."
Mission : trouver un repreneur
La municipalité de Roye, commune de la Somme de près de 5 700 habitants, détient les murs ainsi que l’appartement, mis à disposition au-dessus du restaurant. Le couple, lui, possède le fonds de commerce. "Deux personnes d’Amiens le voulait, elles avaient même quitté leur travail. Mais elles n'ont pas réussi auprès de leur banque", déplore Alain Remue. "C’est à cause des banques", souffle son épouse. "On demande aux jeunes 30% d’apport aujourd’hui."
Une nouvelle agence immobilière les accompagne depuis le début d’année. "J’ai posté une annonce en mars 2024. Depuis, j’ai reçu des appels, mais aucune visite. Normalement, deux ou trois clients se déplacent... Là, rien", constate Timothée Lemaire. "Le prix est de 170 000 euros, mais il est possible de négocier sans souci. Il y a un bon chiffre d'affaires et le loyer est correct", précise l’agent immobilier.
Contactée, la mairie de Roye indique qu’elle souhaite également qu'un commerce de bouche s’installe et se dit prête à réaliser d’éventuels travaux. "Je resterai un moment avec le repreneur pour l’accompagner s’il le souhaite, si on s’entend", ajoute même Alain.