"On a perdu plus d'un demi-million d'euros" : sur le littoral picard, les finances des communes mises à mal par le Covid

Alors que l'épidémie de Covid-19 a de lourdes conséquences sanitaires, une crise économique touche aussi les communes touristiques. Pour bon nombre d'entre elles, les pertes se comptent déjà en centaines de milliers d'euros. Illustration sur le littoral picard.

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Un rayon de soleil, une météo qui avoisine les 15 degrés... Un air de vacances souffle sur la plage du Crotoy, dans la Somme. Et pourtant, en pleins congés de Pâques, le banc de sable est clairsemé. Avec le confinement et un périmètre de dix kilomètres pour les sorties, seuls quelques locaux investissent les lieux ; les touristes, eux, se font rares. Depuis plus d'un an et le début de l'épidémie, la ville côtière vit au rythme de la crise sanitaire. "C'est compliqué, forcément", nous glisse Philippe Evrard, le maire de la commune.

La saison touristique est bouleversée et les finances de la commune sont mises à mal : "Le plus gros manque à gagner, c'est le stationnement payant. Cela représente près de 400 000 euros de recettes. Après, il y a aussi les terrasses." L'année dernière, en 2020, la commune avait, par solidarité, exonéré l'ensemble des commerçants du paiement de la redevance d'occupation du domaine public pour le droit de terrasse. "On ne regrette pas, mais c'est quand même 100 000 euros en moins", assure-t-il. Mises bout à bout, les pertes s'accumulent, et la facture grimpe : "On a perdu plus d'un demi-million d'euros.

Comme Philippe Evrard, plusieurs élus de la côte ont sorti la calculette. À Cayeux-sur-Mer, "ça dépasse les 500 000 euros". "C'est énorme", se désole Jean-Paul Lecomte, le maire. Les horodateurs, les terrasses, le camping... Ici, les baisses se font ressentir partout. "Les cabines de plage, c'est 100 000 euros. Il y a aussi les choses auxquelles les gens ne pensent pas. Par exemple, nous avons trois salles que nous proposons à la location. L'année dernière, les réservations n'ont pas été au rendez-vous." Du côté de Fort-Mahon-Plage, les pertes grimpent jusqu'à 800 000 euros pour un budget annuel de 5,5 millions d'euros. "Le pire, c'est le casino. Il faut imaginer que d'ordinaire, c'est un revenu fixe de 550 000 euros par an. En 2020, si on a fait 200 000 euros, c'est très bien", détaille Alain Baillet, maire de la commune. 

Des investissements repoussés

Face à ces recettes en forte baisse, les projets des communes sont forcément touchés. Les maires songent à réduire la voilure des investissements. À Fort-Mahon-Plage, les travaux vont être adaptés : "Tous les ans, on refait un ensemble de routes. Cette fois-ci, on ne refera peut-être qu'une partie des chaussées. On devait aussi réhabiliter la colonie de vacances Saint-Louis, je pense que nous allons devoir reporter." Conséquences identiques à Cayeux-sur-Mer : "L'enfouissement des réseaux du boulevard maritime va prendre plus de temps que prévu."

"Sauver les beaux jours"

Pour autant, ces élus préfèrent rester optimistes et se tourner vers la saison estivale : "Il faut sauver les beaux jours.Le gouvernement a laissé entrevoir un début de retour à la normale mi-mai. "On espère pouvoir rouvrir une partie des activités", lance le premier édile de Fort-Mahon-Plage. Pour ces stations balnéaires et l'économie locale, les prochains mois seront cruciaux. Si ces communes ne dépassent pas les 2 500 habitants en basse saison, elles peuvent atteindre jusqu'à 50 000 personnes au plus fort de l'été. 

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