Après plusieurs semaines de confinement, la Principauté monégasque accuse un déficit de 450 millions d'euros. Si les finances publiques peuvent compter sur un "coussin financier" de plusieurs milliards d'euros, il faut relancer rapidement l'économie.
Après une semaine de déconfinement à Monaco, c'est l'heure des premiers bilans. La quasi-totalité des commerces qui pouvaient rouvrir ont repris leur activité. "Lundi a été une bonne journée", se souvient Mickael Poirier, manager du magasin de chaussures Aldo. Le reste de la semaine aura été plus calme.Pour d'autres, le redémarrage est plus compliqué. "Nous parlons d'au moins 60% de baisse de fréquentation en général", souffle un proche du gouvernement monégasque.Samedi dernier, nous avons fini la semaine avec une baisse de 15% [comparé à l'année dernière] - Mickaël Poitier, manager d'Aldo
Déficit prévu de 450 millions d'euros
Pour soutenir l'économie, la Principauté a débloqué 300 millions d'euros : chômage partiel (CTTR), gratuité de certains loyers commerciaux... Résultat, le Conseil national a recemment voté un budget rectificatif mentionnant un déficit de 450 millions d'euros pour un budget annuel prévu d'1,5 milliard.Du jamais vu à Monaco ! - Stéphane Valeri, président du Conseil national, à nos confrères de Monaco-Matin.
Recours au Fonds de réserve
"La Principauté vit sur ses fonds propres et nous devons trouver un équilibre entre le soutien économique et le fait de ne pas mettre en péril le modèle monégasque", explique Jean Castellini, le ministre des Finances.Aujourd'hui, ce Fonds affiche un montant de cinq milliards d'euros : la moitié sont des liquidités, l'autre, des investissements immobiliers ou des participations dans des entreprises. La dernière fois que Monaco y a eu recours, c'était à la suite de la crise financière de 2008. Il avait alors fallu à la Principauté quatre années pour revenir à un budget excédentaire.Ce déficit nous obligera à puiser dans notre Fonds de réserve constitutionnel. D'où l'intérêt de relancer l'économie le plus rapidement possible - Jean Castellini, ministre des Finances.
Une saison estivale au ralenti
Dans son magasin de Fontvieille, Mickaël Poirier a déjà prévu de réduire la voilure : il ne fera pas appel à l'employé qui venait habituellement renforcer son équipe l'été.Même constat du côté de la Société des bains de mer, principal employeur privé de la Principauté. Ses restaurants, bars, hôtels et casinos sont quasiment tous fermés. "On a perdu 92% de notre chiffre d'affaires", indiquait, fin mars, Jean-Luc Biamonti, le président délégué de la SBM, sur Monaco Info. "Il n'est pas question, pour l'instant, de recruter de saisonniers", explique Axel Hoppenot, son directeur marketing et commercial.
Nous essayons d'être pragmatique et de privilégier nos propres collaborateurs en CTTR pour les remettre au travail. Seuls l'Hôtel de Paris et le Monte-Carlo Bay sont restés ouverts avec de rigoureuses mesures sanitaires - Axel Hoppenot
Vers un "été indien" ?
Reste à savoir qui viendra faire du tourisme cet été à Monaco. Jeudi 7 mai, le ministre français de l'Intérieur Christophe Castaner indiquait que les frontières avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre".Axel Hoppenot le reconnaît : "le marché intra-Schenghen sera notre marché prioritaire". Le directeur commercial de la SBM espère aussi un "été indien" avec la venue de clients russes et moyen-orientaux une fois que les frontières seront réouvertes.
Alberte Escande, la présidente de l'Association des industries hôtelières monégasques, le confirme pour son secteur : "il n'y a, pour le moment, pas de faillite" parmi les 12 hôtels et la centaine de restaurants présents en Principauté. Mais entre les règles de distanciation, les limitations de déplacement... "ça va être une année blanche. Si on arrive à rembourser les frais cette année, on sera déjà content", prédit-elle.Nous n'avons, à ce jour, aucune fermeture d'entreprise à déplorer - Jean Castellini, ministre des finances monégasque, le 4 mai dernier