"On est contraint à la grève". L'inquiétude des enseignants picards face au protocole sanitaire renforcé

Les syndicats d'enseignants appellent à une grève nationale ce mardi 10 novembre. Ils estiment que les conditions sanitaires du protocole renforcé ne sont pas réunies pour assurer la sécurité, comme en témoigne une enseignante du collège de Villers-Bocage, dans la Somme.

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Depuis la rentrée du 2 novembre, un protocole sanitaire renforcé doit être instauré dans les établissements scolaires pour lutter contre la propagation du coronavirus. Impossible répondent les syndicats enseignants qui appellent à la grève ce mardi 10 novembre.

Des rassemblements sont prévus dans les trois départements picards : 

  • à Amiens pour la Somme, 15h devant le rectorat
  • à Beauvais, dans l'Oise, 14h devant l'inspection académique
  • à Laon, dans l'Aisne, 14h30 devant l'inspection académique
Des classes de 28 à 30 élèves, des couloirs bondés aux interclasses, des cantines scolaires surchargées, à Villers-Bocage, dans la Somme, les enseignants tirent la sonnette d'alarme. Comme dans beaucoup d'autres collèges ou écoles, ils sont dans l'incapacité de mettre en place le protocole sanitaire renforcé dans leur établissement.

"Quand on est rentré des congés lundi dernier, on a constaté que rien n’avait changé par rapport à la rentrée de septembre. C’est-à-dire que le ministre préconisait un protocole renforcé mais en réalité il n’y a aucun changement dans l’établissement. On n’en blame pas la direction qui n’est pas dans la capacité de faire ce protocole renforcé puisqu’il y a trop d’élèves. Il y a ici 570 élèves" déplore Elsa de Clerck, professeur documentaliste et secrétaire départementale du Snes-FSU Somme. 

"Il faut accueillir les élèves en alternance"

Face aux classes surchargées et aux attroupements d'élèves, les organisations syndicales réclament une diminution des effectifs, comme cela a déjà été acté jeudi dernier par le ministre de l'Éducation nationale, pour les lycées.

"Dans les collèges, on n'en parle pas du tout. Aujourd'hui la surface dans les établissements scolaires n’est pas extensible et pour pouvoir maintenir un protocole renforcé, on ne peut pas accueillir l’ensemble des élèves en même temps" constate Guillaume Ancelet, secrétaire départemental de la FSU Somme. "Il faut les accueillir en alternance, c'est la solution la plus rapide à trouver".

"Sur 570 élèves, 90% sont transportés en car scolaire pour venir au collège. 93% sont demi-pensionnaires. On fait tout ce qu'il est possible de faire mais vu le nombre d'élèves, on ne peut pas garantir un fonctionnement dans les meilleures conditions" déclare Elsa de Clerck.

"Ce que l'on veut éviter, c'est la fermeture de l'établissement"

Ainsi, dans un courrier adressé dès jeudi à l'inspecteur d'académie de la Somme et au président du conseil départemental, les enseignants du collège de Villers-Bocage, réclament l'autorisation de pouvoir dédoubler les effectifs à l'identique de ce qui a été obtenu en lycée par le ministre jeudi soir, le recrutement d'un assistant d'éducation supplémentaire et le recrutement d'agents pour le nettoyage renforcé notamment au niveau des points contacts. 

Vendredi, le conseil départemental a alloué une personne supplémentaire pour renforcer l'équipe, une maigre consolation pour les enseignants : "Ce n'est pas suffisant. Restauration, récréation, couloirs, on n'est pas en capacité de respecter les gestes barrières. Ce que l'on veut éviter à tout prix, c'est la fermeture de l'établissement. On a l'impression que le ministre a un temps de retard systématique sur tout. On sait que les enfants de 11 ans transmettent le virus autant que les adultes".

"On est contraint à la grève"

"Le 'quoi qu'il en coûte' du mois de mars est dans tous les esprits assure Guillaume Ancelet. Si on dit que l'école n'est pas du tout un vecteur de virus alors on peut continuer comme ça mais on en doute fortement. Actuellement, on a l'impression de ne pas participer à l'effort national de confinement parce qu'on n'est pas du tout confiné dans les établissements scolaires. On a l'impression de concourir à la diffusion du virus, du coup, on a une situation anxiogène, contradictoire et cupabilisante. On est contraint à la grève".

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