"Passer à l'armement, c'est un élément de sécurité supplémentaire" : Fort-Mahon et Le Crotoy arment leur police municipale

Hausse de la délinquance, augmentation de la population l'été, baisse des effectifs de gendarmerie pendant les JO, certaines villes côtières de la Somme ont décidé d'armer leurs policiers municipaux.

Le conseil municipal de Fort-Mahon, dans la Somme, a pris sa décision. Son policier sera bientôt armé. Une décision votée à l'unanimité. "C'était une demande de sa part, déclare Alain Baillet, maire de Fort-Mahon, et à partir du moment où c'est quelqu'un de sérieux et qu'il va suivre des formations, on s'est dit pourquoi pas ?".

Seul policier municipal de la commune, Mathieu Wartez est habituellement accompagné dans sa mission d'un agent de surveillance de la voie publique (ASVP), "et il y aura certainement jusqu'à quatre ou cinq ASVP qui eux, n'ont pas le droit à l'armement, pour la période estivale" précise le maire. "Vu le surplus de population l'été, on a trouvé que c'était justifié, c'est un peu plus de sécurité pour lui."

Le poste saisonnier de gendarmerie est composé généralement de six cavaliers et d'une quinzaine de gendarmes. "On sait que cette année avec les JO, certains gendarmes vont partir sur Paris ou sur d'autres villes et on perdra des effectifs. Rien n'est confirmé, mais comme on me l'a dit, la garde est bloquée sur Paris, donc on ne l'aura pas à Fort-Mahon. On n'aura que la garde de Saint-Valéry qui viendra de temps en temps".

Renforcer la sécurité à Fort-Mahon en période estivale, la question ne se pose même pas.

Alain Baillet, maire de Fort-Mahon.

"Sans gendarmes sur la saison estivale à fort-Mahon, c'est impossible, poursuit Alain Baillet. On est sur un apport de clientèle très important. On est une petite commune de 1 300 habitants, on passe vite l'été à 35 000, 40 000."

Même constat au Crotoy. La petite ville côtière, elle aussi, a opté pour l'armement de son policier municipal.

"Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose"

À Rue, aucune décision n'est encore prise pour le moment, mais le sujet est sur la table. "La situation se dégrade, constate Aurélien Hecquet, secrétaire général à la mairie, on a plus de cambriolages et on a aussi des problèmes liés à la politique migratoire sur le territoire. Ce n'est pas forcément pour l'été ou les JO. C'est un contexte général. Et souvent, ce sont nos policiers qui interviennent les premiers."

Pour l'heure, Hervé Lenfant, responsable de la police municipale à Rue, attend la décision du maire. "Ce n'est peut-être pas une mauvaise chose étant donné les circonstances. La délinquance ne fait pas de différence entre les uniformes, que ce soit de gendarme ou de policier municipal. Les gens essaient les deux numéros. Si la gendarmerie ne répond pas tout de suite, ils appellent la police municipale derrière. Ils savent qu'ils peuvent nous joindre. C'est ce qui s'est passé l'été dernier. Je suis intervenu sur un cambriolage qui avait lieu. Les gens étaient autour. Les gendarmes n'étaient pas encore là. J'interviens, je ne suis pas armé. Il y a des situations comme ça qui peuvent être tendues".

"C'est un élément de sécurité supplémentaire"

"Plus on avance dans le temps, moins c'est sécurisé, poursuit le policier. Ces derniers mois, il y a eu pas mal de faits. Mais la délinquance est itinérante, donc on n'est jamais à l'abri de faire un contrôle et de tomber sur des gens en fuite ou qui vont commettre un crime ou un délit. Passer à l'armement, c'est un élément de sécurité".

Un élément qu'il connaît bien. En poste depuis bientôt dix ans, le policier a d'abord été gendarme. "J'ai porté une arme pendant vingt-cinq ans, mais je ne l'ai jamais utilisée. Je l'ai déjà sortie sur certaines situations. Donc, oui, ça a des contraintes, mais c'est un élément de sécurité supplémentaire pour ceux qui la portent. C'est vrai qu'on est amené à faire des contrôles routiers ou à intervenir sur une suspicion de cambriolage en cours, comme ça m'est déjà arrivé. On n'est pas armé, c'est un peu gênant."

Ce que dit la loi

En 2021, 57 % des policiers municipaux étaient équipés d'armes à feu. La loi laisse la faculté aux maires et leurs élus d'armer leur police municipale. Quand cette décision est prise, elle est soumise à autorisation du préfet.

La demande d'autorisation de port d'arme dispose d'une validité de trois ans renouvelable par tacite reconduction. Elle ne peut en aucun cas être une demande collective pour l'ensemble des agents du service de police municipale.

À l'heure actuelle, 45 heures de formation technique sont prévues pour délivrer l'autorisation du maniement d'armes à feu. Par la suite, un entraînement régulier est demandé aux agents autorisés avec un minimum de deux séances de tirs par an.

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