Poussé à la démission par sa majorité, Claude Cliquet n'est plus maire d'Albert : la succession se prépare

La démission du maire centriste d'Albert a pris effet. Une élection au sein du conseil municipal est programmée au mardi 28 novembre.

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Le dernier déchirement en date à la mairie d'Albert a abouti : la démission du maire UDI Claude Cliquet, annoncée à la fin du mois de septembre à la suite d’une réunion tendue avec sa majorité, a été acceptée par la sous-préfète de Péronne, par un courrier du 17 novembre reçu cette semaine. L'édile a donc transmis les clés de l'hôtel de ville à son premier adjoint.

En attendant l’élection d’un successeur mardi 28 novembre à 18h30 en conseil municipal (les lettres de convocation sont envoyées), c'est le premier adjoint Éric Dheilly qui réalise les actes indispensables à l'administration de la ville. Mardi soir, il reprendra une simple - mais "belle" - mission de conseiller municipal.

"Claude est quelqu'un de très pro et exigeant, je pense qu'on a fait du bon boulot et je ne cautionne pas le fait que notre majorité lui ait demandé de quitter ses fonctions", déclare le premier adjoint, sonné et triste de l'accélération des événements de cet automne.

Poussé vers la sortie

Claude Cliquet dirigeait Albert depuis 2017, quand il avait pris la suite du maire historique dont il était auparavant premier adjoint, Stéphane Demilly, tout juste élu député et ne pouvant pas cumuler ces mandats. En 2020, le toujours très populaire Stéphane Demilly avait pris la tête de la liste de la majorité centriste pour remporter les élections et, restant député, confirmer Claude Cliquet (3e sur cette liste par ailleurs très rajeunie) dans son fauteuil. Un accord manifestement temporaire.

"Nous avions ensemble (en 2020) annoncé que nous souhaitions propulser une nouvelle génération d'élus, a expliqué Stéphane Demilly à France Bleu Picardie. Les jeunes élus de notre conseil municipal piaffent d’impatience (…), il peut y avoir un peu d’amertume quant au tempo enclenché (mais) c’est bien en politique que l’engagement soit respecté."

Fin septembre, dans le communiqué annonçant sa prochaine démission, Claude Cliquet avait évoqué "des défis et des tensions" au sein de la majorité. Certains membres avaient "exprimé le souhait de mettre en place un nouvel exécutif", alors qu’il avait plutôt pour objectif "d'accompagner la future équipe pour les prochaines élections municipales de 2026".

Stéphane Demilly aurait pu tempérer l'ardeur des jeunes.

Éric Dheilly, premier adjoint

C'était bien le seul objectif "écrit noir sur blanc" selon Éric Dheilly, qui souligne le temps nécessaire à l'apprentissage de la fonction… et ne cache pas son amertume. "On a une génération qui veut aller plus vite, c'est comme ça", regrette le suppléant à la mairie. Des regrets aussi à l'égard de Stéphane Demilly : "Il y a l'arrière-goût, le sentiment, que Stéphane Demilly aurait pu tempérer l'ardeur des jeunes, leur dire 'continuez l'apprentissage pour 2026".

Place à Lajeunesse ?

On le présente comme le plus probable prochain maire. Maxime Lajeunesse, 5e sur la liste de Stéphane Demilly aux élections de 2020 (c'est son premier mandat) et 7e adjoint délégué au commerce et au tissu associatif, confirme la volonté de changement tout en assurant qu’il n’a "mis aucune pression, les personnes de la majorité sont assez grandes pour prendre leurs décisions".

"On avait déjà, à la base, quand on a été élus en 2020, parlé d’une passation de pouvoir", pose Maxime Lajeunesse. Depuis, Claude Cliquet aurait "balayé d’un revers de la main" les sollicitations en ce sens, alors-même que des critiques le visaient en interne. "Sa façon de manager ne nous convenait pas, il y avait un manque de communication, on apprenait les informations par voie de presse ou sur les réseaux sociaux", explique le candidat à la succession.

On a essayé de m'influencer (...) et nous imposer un candidat.

Carole Vaquette, conseillère municipale sortie de la majorité

Un récit contredit par la conseillère municipale Carole Vaquette, 10e sur la liste aux élections, qui a décidé de quitter la majorité : "On a essayé de m’influencer pour signer une pétition pour qu’il parte et nous imposer un candidat, Maxime Lajeunesse."

L’élue "électron libre" se dit "dégoutée" par de "vraies pressions" et "magouilles". Admettant que Claude Cliquet aurait "pris un coup de vieux", elle assure qu’il "était à l’écoute" et que "ni moi, ni d’autres colistiers que j’ai sondés, n’ont entendu parler d’une réunion sur une passation à mi-mandat : c’est un groupuscule de 12-15 personnes qui se sont montés le bourrichon."

Les Albertins spectateurs

Commentant le dernier post Facebook du maire démissionnaire, le candidat malheureux du rassemblement de la gauche en 2020, Romain Mareen, a beau jeu d’écrire : "Je ne peux que regretter la façon dont vous (Claude Cliquet) avez été poussé vers la sortie par votre propre camp. Vous méritiez plus de respect." Dans un communiqué, les trois élus municipaux d’opposition ont fustigé les "querelles d’égo", "tromperies" et "déchirements" à répétition, "au détriment de réels débats sur le fond des dossiers".

L’élection du nouveau maire d’Albert - qui devrait voir se confronter les candidatures de Maxime Lajeunesse, Carole Vaquette et peut-être Thomas Masson (conseiller municipal délégué au logement) - se déroulera au sein du conseil municipal. Les candidatures officielles seront présentées sur place.

On va respecter les Albertins et je dévoilerai ensuite ce que je ferai pour la ville.

Maxime Lajeunesse, candidat au mandat de maire

"Nous ne sommes pas en campagne", assume d'ailleurs Maxime Lajeunesse, pour mieux justifier son refus de participer à un débat proposé par Carole Vaquette : "Le débat ne serait pas constructif avec la personne que j’aurais en face de moi (sic), je suis ébahi par toutes ces choses, alors je reste discret, on va respecter les Albertins et je dévoilerai ensuite ce que je ferai pour la ville."

Sans démission du conseil, les habitants n'ont légalement pas à être appelés à voter pour choisir directement leur maire, glisser précisément son nom dans une urne. Un pouvoir qu’ils n’ont pourtant plus véritablement exercé depuis 2014.

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