Rentrée scolaire. Les communes face à l'augmentation du prix de la cantine : "des familles qui mangent des sandwichs sur le parking, ce n'est pas possible"

L’organisation des cantines scolaires a été un véritable casse-tête à travers l’ensemble de la Picardie. Si la Région a planché sur une uniformisation des tarifs dans les lycées, les situations sont disparates dans les collèges et les écoles élémentaires du territoire.

Si vous avez des enfants autres que lycéens, et qu’ils côtoient les cantines d'établissements différents, vos réalités de rentrée le seront probablement toutes autant. Jeudi 1 er septembre, a sonné le début d’une nouvelle année scolaire accompagnée d’un contexte bien particulier où pouvoir d’achat et inflation sont au cœur des préoccupations.

Alors que les coûts des denrées alimentaires servies dans les cantines ont augmenté (pâtes, volailles etc), comme l’ont confirmé les représentants de la région Hauts-de-France lors d’une conférence de presse de pré-rentrée, la facture sera à l'arrivée plus ou moins salée pour les parents d’élèves selon les établissements dans lesquels évoluent leurs enfants. Si les tarifs des lycées seront harmonisés sur l'ensemble de la région avec un tarif unique de 3,85€ par repas, les situations sont très disparates au sein des collèges et écoles élémentaires gérés par les départements et les communes. Exemples non exhaustifs.

"On est passé de 9,27€ à 6,66€"

Dans ces lieux-là, certains parents auront des bonnes surprises avec des tarifs à la baisse. C’est le cas dans l’Aisne sur la commune de Bonnesvalyn dont les écoles font partie du regroupement scolaire de Neuilly Saint-Front. "Sur l’ensemble du regroupement scolaire, il y a eu une diminution du tarif de base, qu’on a un peu appris comme ça au dernier moment. On est passé de 9,27€ à 6,66€, expose le maire de la commune, Stéphane Frère. L’an passé, on apportait une aide pour que les repas payés par les parents soient d’environ 3€. Cette année, on a décidé de continuer d’investir pour abaisser un peu plus ce tarif et que les repas reviennent à 2€ pour les ménages. C’est une façon de s’approcher au maximum du dispositif du repas à 1€ lancé par l’Etat."

Il y aura moins d’investissements dans d’autres secteurs, mais c’est un choix politique, de santé publique. L’an dernier, on avait des familles qui mangeaient des sandwichs dans la voiture sur le parking avec leurs enfants en plein hiver. Ce n’est pas possible.

Stéphane Frere, maire de Bonnesvalyn

à France 3 Hauts-de-France

Le maire regrette d’ailleurs que l’intercommunalité, dont la commune décisionnelle est Neuilly Saint-Front, n’aient pu intégrer ce protocole de repas à 1€ destiné aux familles les plus précaires. "Je ne sais pas si c’est un problème de volonté ou tout simplement trop lourd à organiser administrativement parlant, ou si tout simplement on ne rentre pas dans les critères. Ce qui est certain, c’est qu’on ne peut pas passer à côté d’une telle opportunité si on y est éligible."

Dans la Somme, les communes de Picquigny et de Péronne sont elles éligibles et vont donc pouvoir proposer des repas à 1€ aux familles dont quotient familial permet l’ouverture de ce droit.

Dans certaines communes, le prix ne bouge pas

Le maire d’Hirson, Jean-Jacques Thomas, a fait le choix d’user de la même méthode que son confrère de Bonnesvalyn, "il y a moins d’investissements ailleurs", confie l’édile. Dans la Somme, à Montdidier les tarifs, basés sur le quotient familial, ne bougent pas. Pas de changement à Moreuil n’ont plus, à la différence, que le prix du repas est unique pour tous 3,20€ pour les résidents et 3,40€ pour les non-résidents, quels que soient les quotient familiaux, comme l’attestaient nos confères du Courrier Picard dans un article daté du 30 août.

Quand d'autres sont obligées d'augmenter

Sur le territoire de la Communauté de communes Terre de Picardie, composé d’une quarantaine de communes dans la Somme, la collectivité menée par Philippe Cheval a fait le choix d’éviter de fragiliser un peu plus les plus précaires en faisant reposer une partie de l’inflation sur les plus aisés. Ces derniers paieront 4,10€ par repas au lieu de 3,90€.

Dans l’Aisne, l’exemple de l’intercommunalité de Neuilly-Saint-Front illustre parfaitement les disparités. Si Bonnesvalyn est parvenue à proposer des repas moins chers (2€), les tarifs au sein de l’intercommunalité peuvent encore grimper jusqu'à plus de 6€ par repas. Ils pouvaient grimper jusqu’à 9,27€ l'an passé. "Je ne peux pas me permettre de mettre mes trois enfants à la cantine, c’est un trop gros budget, affirmait un parent d’élève interrogé en mai dernier. Si je les mets à la cantine ça me coûterait aux alentours de 600€ par mois, à la maison ça me coûterait deux fois moins. Le calcul est vite fait." "Je fais l’aller-retour parce que c’est faisable pour moi, mais mon amie ne pouvait pas, complétait une autre. Tout cet hiver, elle a mangé des sandwichs avec ses enfants dans la voiture. Ce n’est pas possible." Avec la baisse des subventions certaines petites communes ne peuvent plus participer au financement des cantines. 

Notons que, dans certaines communes comme à Gouvieux dans l'Oise, le service de cantine dont la mise en place n'est pas soumise à une obligation légale, n'existe parfois tout simplement pas. À Gouvieux, il est remplacé dans les écoles maternelles par un service de halte-garderie. Une solution contraignante que dénoncent des parents d'élèves depuis plusieurs années. Le service est "aussi cher voir plus cher que la cantine" alors "qu'on doit fournir les repas."

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