La décison de vente avait été entérinée par le conseil municipal début 2020. Interpellé par l'opposition, Stéphane Haussoulier, maire de la commune, a décidé de prendre le temps de rassembler les garanties nécessaires à un examen précis de la situation.
La question avait été débattue, puis tranchée : le 3 février 2020, le conseil municipal de Saint-Valery-sur-Somme autorisait Stéphane Haussoulier, maire de la commune, à vendre le camping du Walric à son actuel gestionnaire, la société Le Royon, pour la somme de 3,8 millions d'euros. Une somme coquette comparée à l'estimation qui en avait été faite par la direction générale des finances publiques (DGFIP), portant le bien à quelque 2 millions d'euros.
Rentabilité avérée
Mais la vente fait grincer quelques dents, notamment celles du chef de l'opposition à la mairie valéricaine, pour qui l'opération n'a rien d'une si bonne affaire. "La DGFIP évalue un bien immobilier, pas sa rentabilité", pose d'emblée Francis Eynard, pour qui la commune aurait tout intérêt à conserver son bien, ou à le céder pour une somme nettement supérieure.Avec ses 6 hectares pour 250 emplacements, dont une grosse centaine est occupée de mobil-homes, le camping du Walric et ses quatre étoiles est une affaire qui marche. Situé à quelques centaines de mètre du bourg de Saint-Valery-sur-Somme, son succès ne fait aucun doute. Pas plus que sa rentabilité.
On ne vend pas la poule aux œufs d'or
Depuis 2004, la structure est gérée en délégation de service public par la société Le Royon, qui gère quatre autres campings en baie de Somme. Une délégation renouvelée en 2014 pour une durée de dix ans, jusqu'à 2024. Chaque année, le camping du Walric rapporte plus de 80 000 euros à la commune - près de 87 000 en 2019. "On ne vend pas la poule aux œufs d'or", poursuit le chef de l'opposition valéricaine.
Financer l'Entrepôt des Sels
"Quand on porte un projet important d'investissement, il y a trois possibilités : soit on vend un bien, soit on emprunte, soit on augmente les impôts", rétorque Stéphane Haussoulier. Par projet d'investissement, l'édile fait référence à la rénovation de l'Entrepôt des Sels, complexe culturel, associatif et de tourisme dont le coût global avoisine les 8,7 millions d'euros et que la mairie finance à hauteur de 4 millions. "Quasiment le prix proposé pour le camping", souligne l'élu valericain.Pourtant, d'après Francis Eynard, docteur retraité en économie, les résultats financiers de l'exploitant actuel du camping seraient supérieurs à ceux visés, une partie étant absorbée par la holding qui gère les différentes activités du groupe. C'est sur cet argument que Stéphane Haussoulier, qui reconnaît volontiers ne pas être "spécialiste en la matière", a mis en suspens le projet de vente, le temps de "demander par écrit des précisions sur les résultats du camping".
Conserver le camping en régie
Mais au-delà de cette problématique, l'opposition milite pour conserver le bien municipal. "Pourquoi ne pas reprendre le camping en gestion par régie et contracter un prêt pour financer l'Entrepôt des Sels ?", questionne Francis Eynard. En l'état, le camping et ses infrastructures, dont la piscine, appartiennent toujours à la mairie, qui peut de fait en faire bénéficier ses habitants. Sans parler de la crainte, en filigrane, d'une bétonisation progressive du littoral, s'il se voyait peu à peu confié à des sociétés privées.L'exploitant actuel est un type sérieux. Il y a 15 ans, on lui a confié un terrain dans un état difficile et, conformément à notre demande, il a construit une piscine et donné ses quatre étoiles au camping. Il a un projet similaire pour le camping de la Croix l'Abbé et le prix qu'il propose représente près de 40 ans de loyer. Il ne faut pas imaginer le pire.
Sceptique, Francis Eynard invite le premier élu à revoir sa position. De son côté, Stéphane Haussoulier espère y voir plus clair d'ici septembre 2020 et pouvoir formaliser la vente. "Je vais aussi discuter avec le repreneur potentiel, conclut-il. Une proposition revue à la hausse serait de nature à rassurer tout le monde."