Au Salon de l'agriculture, Eric et Simon Van Oost, père et fils, ont à cœur de transmettre la gastronomie de la baie de Somme et du Nord au grand public. Pour ce faire, ils présentent, comme chaque année, les produits de leur conserverie familiale. Une véritable histoire d'amour culinaire.
C'est une affaire de famille qui a commencé par hasard en 1990. "J'avais tué un sanglier, j'en ai fait de la conserve et c'est parti comme ça", lance Eric Van Oost, gérant de la conserverie Saint-Christophe à Argoules, dans la Somme.
Depuis, il ne s'est plus arrêté et 33 ans plus tard, il présente plus d'une centaine de produits au Salon de l'agriculture à la Porte de Versailles à Paris. "Ça fait 25 ans qu'on vient ici", souligne son fils Simon Van Oost.
"Je suis dedans depuis que j'ai 5 ans"
Eric a même enrôlé son fils dans l'aventure... ou c'est plutôt son fils qui est tombé dedans. "Cette conserverie a été créée par mes parents, je suis la deuxième génération, explique Simon. C'est une histoire de famille".
Et quand on lui demande pourquoi il les a rejoints, sa réponse est immédiate : reprendre l'affaire familiale était une évidence. "Je suis dedans depuis que j'ai 5 ans", affirme-t-il.
Pour lui, les produits des Hauts-de-France, labellisés "région européenne de la gastronomie", sont riches et nombreux. "J'aime mettre la gastronomie de la région en avant", explique-t-il fièrement, en ajoutant qu'en étant "dans un tel boulot, on doit aimer la gastronomie".
Tous les ans, lui et son père sillonnent les salons du grand nord de Paris. Au-delà de celui de la capitale, on peut les retrouver à Orléans, à Metz ou encore à Rouen.
"J'en achète tous les ans !"
Devant leur stand, de nombreux visiteurs se pressent pour goûter et acheter leurs produits originaires de la baie de Somme, mais aussi du Nord. Simon attrape une terrine de bulot pour la montrer aux curieux. Une passante s'arrête et lance : "c'est très bon ! J'en achète tous les ans".
Chaque année, des centaines d'habitués se pressent pour refaire le plein de conserves. Parmi les stars, on retrouve le Pot'je Vlees, un petit pot de viande flamand à base de porc, de lapin, de poulet et de veau "qu'on mange très froid avec des frites et une bonne bière !", précise Eric. "Ma préférée, c'est la terrine de bœuf", révèle de son côté Simon.
Sur leur stand, on retrouve aussi de la terrine de volaille, de gibier et de poisson. Mais aussi de la terrine d'agneau et de mouton. Entre les nombreuses conserves, on aperçoit même les Salicornes au vinaigre, ces plantes qui poussent en baie de Somme.
Les prix, quant à eux, tournent en moyenne autour de 6 euros pour les terrines et entre 13 et 16 euros pour les plats déjà cuisinés.
"On écoute les attentes du consommateur"
Mais comment se renouveler alors que la conserverie existe depuis plus de 30 ans ? Pour Simon, il est essentiel d'écouter "les attentes du consommateur". C'est pourquoi l'année dernière, la conserverie Saint-Jean a lancé un produit végétarien. "Il faut être dans son temps", affirme-t-il.
Autre point important pour se renouveler : être gourmand car "la gourmandise donne l'envie de créer de nouveaux produits, de trouver de nouvelles associations". Pour les 100 ans de la Grande Épicerie de Paris, la conserverie a été sollicitée pour créer une toute nouvelle recette : la terrine de Sèvres au champagne. "C'est un honneur d'avoir été contacté par une telle référence française", se réjouit Simon.
L'ombre de la crise énergétique et de l'inflation
Et même si le soleil semble briller sur la conserverie Saint-Christophe, la crise énergétique et l'inflation rend la situation beaucoup plus difficile que dans les années passées. "C'est assez compliqué, on a eu une augmentation de plus de 25% des dépenses".
Par exemple, les prix ont augmenté pour les matières premières comme le bœuf ou la truite. Cette dernière a même pris 25% en plus sur son prix de base.
"Tout ce qui est abattage, ça consomme énormément d'énergie, le prix des matières premières augmente, déplore Simon Van Oost. On a dû faire une augmentation en minorant à notre niveau", pour que les consommateurs puissent se permettre d'acheter leurs produits.
Le jeune trentenaire ne cache toutefois pas son inquiétude. "J'ai 35 ans, je suis en pleine reprise de l'entreprise familiale et on n'a pas de visibilité sur le futur, il ne faut pas que ça plante", conclut-il, sans perdre pour autant une once de sa passion pour le métier.