Bleue du Nord, Suffolk... Les Hauts-de-France ne manquent pas d'animaux qui servent l'agriculture française. De nombreux éleveurs de la région sont présents depuis ce samedi 25 février pour la nouvelle édition du Salon de l'agriculture. Rencontre avec Flavien et Alban, deux agriculteurs de talent.
Le salon de l'agriculture 2023 a débuté ce samedi 25 février 2023 à Paris. Cet événement incontournable permet d'exposer les productions agricoles et les plus belles bêtes françaises.
Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs se préparent depuis plusieurs semaines déjà pour mettre en valeur le patrimoine de la région.
Un beau pis, un bon gabarit et une belle ossature
C'est le cas de Flavien, agriculteur à Quiévrechain, dans le Nord, qui liste les critères d'une belle vache. "Elle doit avoir un beau pis", lance-t-il au micro de France 3 Nord Pas-de-Calais avant d'ajouter : "on prend ensuite l'ossature de la vache, son format, son gabarit".
Sa vache Lagune remplit tous les critères. Cette Bleue du Nord l'accompagnera à Paris. Une fierté pour ce jeune homme de 25 ans.
Pour lui, sa présence au salon permet de montrer "qu'on est là en tant qu'agriculteurs, et faire aussi découvrir cette race, la présenter, la mettre en valeur et dire qu'il y en a quand même un peu dans le nord".
La filière face à la crise énergétique
Le jeune agriculteur a récemment repris l'exploitation de ses parents. Chaque jour, il prend soin de sa cinquantaine de bêtes, un choix du cœur malgré la difficulté du métier. Car dans le secteur de la vache laitière, lui et ses collègues travaillent "7 jours sur 7" et "deux fois par jour".
Et même s'il reconnait que c'est un métier "prenant", la passion lui permet de tenir face à la tonne de travail qui l'attend quotidiennement.
Cette passion est parfois ébréchée par les charges du quotidien et la crise énergétique. D'autant plus que le prix du lait leur est imposé. "Le problème c'est que le lait n'augmente pas énormément - ça augmente un petit peu, heureusement - mais à côté de ça, les prix de l'énergie ont doublé voire triplé", déplore Xavier, un autre éleveur.
Lui aussi tente de s'adapter comme il peut, en essayant de "diminuer" les consommations "par exemple, de choses bêtes, comme les ampoules qu'on change avec des LED, le temps de la traite". Il essaie "de compresser au maximum parce qu'on ne peut pas changer les prix et la seule chose qu'on peut changer, c'est notre consommation".
Il faudra quand même que les prix soient un peu plus hauts pour réussir à couvrir tout ce qu'on a et motiver les jeunes agriculteurs de maintenant à vouloir s'installer et s'occuper des vaches laitières pour nourrir les Français.
Flavien, agriculteur
Pour survivre, Flavien se diversifie davantage et vend directement aux consommateurs. Il exposera certains de ses produits au Salon de l'agriculture.
Chez Alban Passet, une bergerie pleine de vie
A 73 kilomètres de Quiévrechain, à Aubencheul-aux-Bois, dans l'Aisne, il y a aussi de la vie dans la bergerie d'Alban Passet. La nouvelle génération d'animaux s'y fait d'ailleurs une place sans trop d'encombre.
Les agneaux, par exemple, peuvent compter sur leur mère pour se nourrir. Mais ils raffolent aussi des biberons préparés quotidiennement par Alban. "Ils n'ont pas un biberon complet, c'est juste pour les complémenter, pour qu'ils continuent leur croissance", explique l'agriculteur, les deux mains occupées à les nourrir.
Les animaux terminent le biberon en deux temps trois mouvements. "On dirait qu'ils n'ont pas eu à manger depuis quinze jours", plaisante-t-il. Il peut également compter sur son fils Aymeric, 9 ans, pour lui filer un coup de main, en allant remettre les plus petits évadés dans leur enclos ou aider à la préparation des biberons.
Des critères précis
Comme Flavien, Alban quittera sa bergerie quelques jours, le temps de participer au salon de l'agriculture et à son concours pour élire le meilleur Suffolk. Les mâles et les femelles ont été soigneusement sélectionnés et représenteront son cheptel.
Les critères de sélection sont aussi précis et exigeants que pour la Bleue du Nord. Il faut par exemple avoir "une bonne gueule, une gueule assez busquée", bien "noire", un "bon port d'oreille avec des oreilles qui remontent un peu sur la fin" et de "bons aplombs, de bonnes pattes".
Une filière qui peine à se relancer
Chahutée par l'augmentation des coûts, la filière peine à se relancer. "C'était déjà pas simple avant mais aujourd'hui, avec le coût de la matière première, donc des aliments, ça devient très compliqué", avoue l'agriculteur qui, comme Flavien et Xavier, se demande comment il va passer l'année.
"L'aliment agneau, sur un an de temps, a pris un tiers de sa valeur, c'est énorme !", conclut-il.
Pour rappel, 40 % de la viande consommée dans l'hexagone provient de bergeries françaises et le reste est importé de l'étranger.
Les agriculteurs des Hauts-de-France seront présents dans le Hall 3, "Produits et Saveurs de France" jusqu'au 5 mars 2023.