Les petits artisans dénoncent cette décision qui, selon eux, sera uniquement favorable aux boulangeries industrielles et craignent par conséquent une importante baisse de leur chiffre d'affaires.
Des clients en permanence et quinze employés pour les servir. Cette enseigne de restauration rapide abbevilloise est une affaire qui roule. Chaque année, elle génère près d'un million et demi d'euros de chiffres d'affaires. Son secret : elle ouvre sept jours sur sept.
Pourtant, dans le département de la Somme, ce rythme est interdit par la préfecture pour les vendeurs de pain. Un non-sens pour ce gérant, qui a porté l'affaire devant le tribunal administratif d'Amiens et qui a obtenu gain de cause.
"On peut estimer, qu'aujourd'hui, les modes de consommation ont considérablement évolué. C'est donc une raison économique : on a énormément investi dans notre entreprise, on a créé beaucoup d'emplois. Jusque-là, cet arrêté nous contraignait de devoir fermer une journée par semaine, ce qui n'était pas le choix de nos clients non plus", justifie David Lecoutre, gérant de la boulangerie industrielle.
"Si on ne respecte pas le boulanger, ce sera la fin du coiffeur, du boucher..."
Pourtant, tous les professionnels du pain ne sont pas du même avis. "On ne peut pas faire les mêmes règles pour l'industrie et l'artisanat", peut-on entendre chez d'autres acteurs du secteur. Car les artisans boulangers, qui préparent, pétrissent et cuisent leur pain eux-mêmes, ont souvent des petites structures et ne disposent pas les moyens d'embaucher du personnel supplémentaire pour ouvrir toute la semaine et suivra la cadence industrielle."On ne pourra tout simplement pas suivre. Nous, on a un boulanger ou un pâtissier... On ne peut pas le faire travailler sept jours sur sept", explique amèrement Alain Langlet, président du groupement professionnel boulangerie-pâtisserie de la Somme. "Si je prends mon cas personnel, il y a trois moyennes surfaces dans les environs. Si elles décident de faire du pain le dimanche, je perdrais 30% de chiffre d'affaires et je risquerais de licencier."
Des conséquences lourdes pour les boulangeries de quartier donc. Certains craignent même que cette décision bouleverse l'économie locale. "Le boulanger, c'est la locomotive du centre-ville ! Quand on l'enlève, il y a un effet cascade. C'est quelque chose qui va finir de fracasser nos centres-villes. Ca ne sert à rien de mettre des millions pour vouloir créer un commerce qui n'existera pas ! Le commerce commence par le boulanger. Et si on ne respecte pas le boulanger, derrière, ce sera la fin du coiffeur, du boucher et de toutes ses professions !", alarme très remonté et les sourcils froncés Laurent Rigaud, président de l'Union des entreprises de proximité.
L'union des entreprises de proximité et le groupement professionnel de la boulangerie regrettent de ne pas avoir été consultés dans le processus de décision du tribunal administratif... Ils envisagent de faire appel.
Découvrez ou redécouvez notre reportage signé Romane Idrès et Alexis Paumart :