Lancé en 1946, le constructeur des maisons Phénix a été placé en redressement judiciaire le 28 juin 2022. Environ 1600 chantiers sont à l'arrêt et plusieurs milliers de clients désabusés. Un couple de Picards qui venait de verser un acompte nous livre son sentiment. Témoignage.
C'était l'endroit idéal : un pavillon avec jardin à Cappy, au cœur de la Somme, et surtout, à mi-chemin entre leurs deux travails.
En 2021, Pauline Paquentin et Thomas Koczorowski achètent une maison à la filiale Phénix pour 220 000 euros et prévoient de réaliser quelques travaux d'isolation : "On a voulu changer les menuiseries car c'est encore du simple vitrage. On a voulu passer par Phénix Évolution car c'étaient les mieux placés pour faire les travaux. [...] On a pu faire un virement de 30 % d'acompte le 17 mai. Malheureusement, on a appris quelques jours après que la société était placée en redressement judiciaire." Geoxia, propriétaire du constructeur de maisons Phénix, a été mis en liquidation judiciaire le 28 juin dernier.
Pour Thomas et Pauline qui ont versé 37 000 euros, c'est la douche froide. "Pour nous, le groupe Geoxia c'était quelque chose de valable. On ne s'est même pas interrogé sur la santé du groupe. Malheureusement, on a appris trop tard que ça n'allait plus très bien", se désole le couple.
Clap de fin pour l'un des leaders de la maison individuelle
Dans les années 1970-1980, Maisons Phénix est le leader incontesté de la maison individuelle, symbole alors de l’accès à la propriété. La crise Covid et l’augmentation du prix des matières premières dues à la guerre en Ukraine ont eu raison du groupe. Aucun repreneur ne s'est positionné. Le groupe employait près de 1 150 personnes.
Depuis l'annonce de la liquidation, le groupe Geoxia n'est plus joignable. Dans un communiqué de presse, il explique sa déroute par le double effet de la pandémie et de l'inflation, ajouté au refus de l'État de lui accorder un prêt garanti.
Très peu d'espoir de revoir leurs liquidités
Les associations de consommateurs tirent la sonnette d'alarme. Les clients lésés vont devoir se tourner vers le liquidateur judiciaire, mais l'espoir est mince. "Les créanciers prioritaires, ce sont le fisc, l'Urssaf, les salariés. Les clients passeront après s'il y a encore de la liquidité, ce qui n'est pas certain", explique Karine Merlette, médiatrice juridique CLCV - Oise. Les procédures pourraient prendre "plusieurs années" avant d'aboutir, et ce, "sans garantie de résultat".
Au total en France, près de 1 600 chantiers ont été stoppés net et 3 500 personnes se retrouvent ainsi dans l'impasse.