"Un écosystème riche, c'est un gage d'avenir pour tout le monde" : la nidification des oiseaux migrateurs menacée par le changement climatique

Le parc du Marquenterre, réserve naturelle en bordure de la baie de Somme, est un haut lieu de rendez-vous des oiseaux migrateurs. Après avoir passé l'hiver au chaud, ils viennent s'y reproduire. Les ornithologues suivent de près la nidification, menacée par le changement climatique.

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En baie de Somme, il n'y a pas que les hirondelles qui annoncent le printemps. Cigognes, aigrettes, grands cormorans, et de nombreuses autres espèces élisent domicile dans le parc du Marquenterre. Les avocettes ont pris leurs quartiers en avril, après avoir passé l'hiver en Espagne. Les mouettes mélanocéphales, venues d'Ukraine, les ont rejointes avec un peu de retard.

Du retard dans la nidification de certaines espèces

Une période cruciale pour la reproduction de ces oiseaux migrateurs, qui sont en pleine période de nidification. Philippe Caruette, ornithologue et responsable pédagogique du parc, suit de très près l'avancée de chaque espèce. Le matin, avant l'arrivée des visiteurs, il fait sa tournée. "Chaque fois que j'arrive dans le poste d'observation, j'entends ce bruit de fond, qui est de la communication entre les oiseaux. Si j'entends ces bruits, c'est bon signe : c'est qu'ils sont là. Si tout est noyé, ou attaqué par un prédateur, on n'entend plus rien. Et ce silence, c'est le silence de l'échec, explique-t-il. On est en permanence vigilants, on observe, on essaie de comprendre."

Son ouïe très fine lui donne de nombreuses indications. Il note par exemple que la période de reproduction des aigrettes a pris du retard cette année. "On entend les gloussements des mâles, qu'on entend au moment de la parade nuptiale, plutôt fin mars ou en avril. C'est rare qu'on les entende fin mai. Il y a du retard dans la nidification. Là, la météo s'améliore, il fait beau, la nourriture est de plus en plus abondante, tant mieux. Mais c'est un indice que les conditions n'étaient pas bonnes au départ."

Un écosystème à protéger

Une conséquence directe du dérèglement climatique, qui bouleverse les cycles de la faune et de la flore. L'écosystème repose sur un équilibre fragile. Alors en cas d'intempéries, Philippe Caruette redouble de vigilance. "Cette nuit, il est tombé 15 millimètres avec de gros orages. Tout de suite, j'ai pensé : il faut que j'y aille le matin, le plus tôt possible, pour voir si des nids ont été noyés et comment réagissent les oiseaux".

Comme tous les oiseaux marins, grands cormorans sont impactés par le changement climatique par rapport au réchauffement des eaux marines.

Philippe Caruette, ornithologue et responsable pédagogique au Parc du Marquenterre

Les grosses averses sont loin d'être la seule menace pour les oiseaux. Ce qui fait du parc du Marquenterre un habitat idéal pour les oiseaux, c'est grâce à son emplacement stratégique. Pour les oiseaux pêcheurs, comme les cormorans, installés ici depuis près de 80 ans, la proximité avec la baie de Somme est normalement gage de nourriture abondante.

Mais les mers changent aussi. "Comme tous les oiseaux marins, grands cormorans sont impactés par le changement climatique par rapport au réchauffement des eaux marines. Les eaux se réchauffent très régulièrement, notamment en baie de Somme, ce qui fait que nombre d'espèces de poissons remontent vers le nord, notamment les poissons plats, pour chercher des eaux plus froides et plus riches en planctons", précise l'ornithologue.

Il ne faut surtout pas opposer agriculture et protection de la nature, les deux sont intimement liés.

Philippe Caruette, ornithologue et responsable pédagogique au Parc du Marquenterre

L'activité humaine a aussi un impact direct sur la qualité de l'habitat des oiseaux. Pour les échassiers, comme les cigognes, les hérons cendrés ou les aigrettes garcettes, c'est la proximité avec les pâturages qui est intéressante. Il faut donc les préserver. "Ces grands échassiers trouvent leur nourriture dans ces pâtures, et elles n'existent que s'il y a des éleveurs, des gens qui travaillent sur le terrain. Un écosystème riche, c'est un gage d'avenir pour tout le monde, estime Philippe Caruette. Il ne faut surtout pas opposer agriculture et protection de la nature, les deux sont intimement liés."

La période de nidification doit se poursuivre jusqu'en juillet, avant le départ des premières espèces vers le Sud.

Avec Camille Di Crescenzo / FTV

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