Depuis cet été, les Voies navigables de France (VNF) sont confrontées à un problème de fuite d'eau persistante dans le canal du Nord, à Moislains dans la Somme, à hauteur des écluses n°8 et n°9. Une situation préoccupante pour certains agriculteurs, dont les cultures sont impactées.
Combinaison, masque de plongée, palmes, bouteille d’oxygène, un scaphandrier plonge dans le canal du Nord, pour en inspecter les écluses, et tenter de détecter la source de l’écoulement.
Un travail minutieux, comme l’explique Morgan Le Gonidec, plongeur : "avec un bout de plastique, avec mes mains, j’avance tout doucement pour savoir s’il y a une aspiration tout en étant en sécurité pour pas que, s'il y a une grosse fuite, je me fasse aspirer."
Cependant, malgré ces efforts, l’origine de la fuite reste introuvable. Et les conséquences sont bien visibles, notamment dans les champs en contrebas.
Des parcelles incultivables
L’eau du canal s’infiltre désormais dans les terres agricoles, rendant certaines parcelles impraticables. "Ces patates ont pris trop d'eau, elles pourrissent complètement, c'est perdu", déplore Alexandre-Henri Mascré, exploitant agricole.
"Ici, c'était un champ, mais comme il n’est plus cultivé, la nature reprend ses droits. Tout ça à cause de la fuite. Ça a démarré par une petite tâche à l’origine. Et d’années en années, ça s’est aggravé, jusqu’à créer son propre écosystème. Pour nous, c'est un manque à gagner, ajoute l'agriculteur, qui constate la dégradation de ses sols depuis déjà plusieurs années. Si ce n'est pas endigué, cela peut envahir le champ, mais on espère qu'on ne va pas en arriver là et que ce sera réglé bien avant."
Il estime la perte de surface liée à la fuite d’eau à un demi hectare, il craint que la surface ne s'étende et gâche une plus grande partie de sa culture.
Les fuites récurrentes de ce canal, n'étonnent plus Noël Magnier, le maire de Moislains. "Sur ce canal, qu’il y ait des fuites, c'est normal, il a 60 ans. Il a fait son temps. Il est bon à la retraite", affirme-t-il, soulignant la vétusté de l’infrastructure.
Mise en place d'un rideau étanche
Sylvie Nouvion Dupré, cheffe de l’unité territoriale d’itinéraire Seine Nord des Voies navigables de France, indique que cette fuite fait l’objet d’une surveillance étroite depuis plusieurs mois : "La fuite cet été n’était pas très importante. Mais là, on s’aperçoit qu’elle arrive en pied de digue, donc l’eau est collectée par un aqueduc, elle passe d’une rive à l’autre et passe dans le champ de l’agriculteur."
Une première campagne de recherches sous-marines n’ayant rien donné, VNF a intensifié ses efforts pour enfin stopper cette fuite. "On refait une deuxième campagne pour essayer de trouver l’origine de la fuite parce que pour faire la réparation, c’est beaucoup mieux de trouver l'origine que de le faire à l’aveugle". Les Voies navigables de France ont débuté des travaux de renforcement et de pose d'un tablier étanche, ce qui devrait permettre de contenir la fuite.
En Picardie, VNF gère près de 700 km de canaux et de rivières, un vaste réseau, parfois difficile à entretenir.
Avec Enza Benocci / FTV