Insolite. Le marais audomarois, sélectionné au "loto de la biodiversité", recevra une aide de 300 000 euros

Les projets sélectionnés pour recevoir une dotation lors du loto de la biodiversité, qui finance la conservation et la restauration de sites naturels français, ont été annoncés ce lundi 28 octobre. Parmi les 19 dossiers reçus : celui du marais de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais, et de la lutte contre la cabanisation.

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Ce 28 octobre 2024, le marais de l'Audomarois a officiellement été retenu pour bénéficier du "loto de la biodiversité", aussi appelé "Mission Nature", organisé par l'Office français de la biodiversité et la FDJ (Française des Jeux). Une initiative lancée il y a deux ans pour financer et accompagner près de vingt projets de préservation de la nature en France.

Cette année, 40 projets ont candidaté à l'opération, qui avait permis de lever 7 millions d'euros en 2023 au profit de la biodiversité. Seuls 19 ont finalement été sélectionnés ce lundi, dont un projet issu de notre région : le dossier lié au marais de Saint-Omer.

Pour constituer la cagnotte qui sera répartie entre les 19 projets - contre 21 l'an passé -, la FDJ lance des tickets à gratter de 3 euros à partir de ce lundi, dont 43 centimes seront reversés à l'Office français de la Biodiversité (OFB), ainsi qu'une grille spéciale au coût de 2,20 euros dont 53 centimes seront cette fois-ci reversés à l'établissement public, dédié à la protection et la restauration de la biodiversité.

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Les projets retenus en 2024

  • Agri'Mares, projet porté par la Ligue de protection des oiseaux qui vise à restaurer les mares agricoles en Auvergne-Rhône-Alpes ;
  • Le projet de réintroduction du pin de Salzmann à Banne (Ardèche) ;
  • Le projet d'éco-pastoralisme pour la restauration et la préservation des pelouses sèches porté par le Conservatoire d'espaces naturels de Bourgogne ;
  • Le projet de mise en place d'une zone de préservation dans la forêt communautaire de Cluny (Saône-et-Loire) ;
  • Le projet de restauration de landes sur la réserve associative du Cap Sizun (Finistère) ;
  • Le projet de restauration des zones humides en Brenne (Indre) ;
  • Le projet de restauration des mares forestières sur le domaine de Chambord (Loir-et-Cher) ;
  • Le projet de gestion de la fréquentation pour restaurer les Pozzi du Renosu, site Natura 2000 en Corse ;
  • Le projet de restauration de sites de nidification pour préserver deux espèces de chouettes dans le Grand Est ;
  • Le projet de restauration de l'habitat de l'Iguane des petites Antilles en Guadeloupe ;
  • Le projet de restauration du marais audomarois, pollué en parti par les inondations à répétition (Pas-de-Calais) ;
  • Le projet de restauration de mares à Vaucresson (Hauts-de-Seine) ;
  • Le projet de conservation du Gecko vert de Manapany à La Réunion ;
  • Le projet de reconversion de l'ancienne carrière de la Tourbière de Sèves en Normandie ;
  • Le projet de restauration des marais de Rochefort (Charente-Maritime) ;
  • Le projet de création d'un serpenduc en Charente-Maritime ;
  • Le projet de restauration des continuités écologiques dans l'agglomération de Tulle (Corrèze) ;
  • Le projet de restauration du réseau de mares des Causses du Larzac (Aveyron) ;
  • Le projet de renaturation du site de Courchon, aux portes du Gorges du Verdon, dégradé par des parkings sauvages (Alpes-de-Haute-Provence).

► À lire aussi : "Oui, le marais est toujours accessible !" : Après les inondations, Saint-Omer veut redorer son image

Une aide de 300 000 euros

Selon les estimations du Conservatoire du Littoral, chargé de la gestion du site, le projet qui concerne le marais audomarois devrait recevoir une subvention de 302 400 euros, soit 80% du budget nécessaire pour couvrir les travaux de déprise humaine et agricole. Les 20% restants seront assurés par l'Agence de l'Eau Artois Picardie, qui finance habituellement les projets du Conservatoire du Littoral à 70%. "C'est un vrai coup de pouce, on est vraiment reconnaissants", fait savoir Mélanie Calcoen, chargée de mission travaux au Conservatoire du littoral.

Un montant conséquent pour ce joyau du Pas-de-Calais, qui n’abrite pas moins de 300 espèces en son sein, dont certains végétaux ayant vu le jour au Moyen-Âge. Une végétation originelle étendue sur 286 hectares qui pourra ainsi recevoir un coup de pouce de la part de l'OFB, notamment en ce qui concerne la lutte contre la cabanisation. Mélanie Calcoen explique ce phénomène : "La cabanisation concerne surtout le marais ouest depuis le milieu du 20e siècle. Des propriétaires profitaient de leur parcelle de terre pour installer un habitat léger de loisir, généralement illégaux car non déclarés. Pour eux c'était l'occasion de faire une sortie bucolique en pleine nature."

Des propriétaires profitaient de leur parcelle de terre pour installer un habitat léger de loisir, généralement illégaux car non déclarés.

Mélanie Calcoen, chargée de mission travaux au Conservatoire du littoral

Mais avec le temps, les cabanons, maisonnettes et autres demeures de fortune ont tant poussé, que le paysage du marais de Saint-Omer s'est vu dénaturé, pollué visuellement. Terrasse, clôture, abri barque, embarcadère..."On a également recensé une pollution des nappes phréatiques et des eaux car le système d'assainissement de ces cabanes est presque toujours défaillant."

Des installations peu intégrées au milieu, que le Conservatoire du littoral tâche de faire disparaître lors d'opérations de démolition menées tous les 4 ans, en rachetant les terrains aux propriétaires.

La présence humaine, un impact sur le marais

En plus d'une pollution paysagère, le marais audomarois a récemment été victime d'une pollution physico-chimique, lors des inondations qui ont ébranlé le Pas-de-Calais à l'hiver 2023. Macrodéchets, particules chimiques... Des facteurs qui viennent perturber, si ce n'est détruire, le temple de biodiversité qui évolue dans ce marais.

Les inondations de novembre et janvier ont soulevé les déchets et les équipements liés à la cabanisation. C'est aussi pour ça qu'on cherche à réduire la présence de ces chalets.

Mélanie Calcoen

"Les inondations de novembre et janvier ont soulevé les déchets et les équipements liés à la cabanisation", raconte Mélanie Calcoen. "C'est aussi pour ça qu'on cherche à réduire la présence de ces chalets, et plus généralement les traces humaines, du paysage." En cas de réitération d'une telle montée des eaux, la suppression de tous ces bâtis évitera la diffusion de gros déchets dans les eaux du marais et ainsi, une pollution aux déchets et aux microparticules.

Le projet porté et financé par la Mission Nature visera donc à déconstruire et renaturer dix zones du marais, pour en améliorer la valeur écologique et paysagère. Une opération qui devrait intervenir en août 2025.

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