Une association a lancé une pétition contre le plan de chasse des cervidés en forêt d'Halatte dans l'Oise. Elle juge le quota instauré trop élevé. La fédération des chasseurs et l'office national des forêts prévoient d'abattre 115 cerfs et biches en 2024 et 2025.
Romain Woloszyn est un amoureux de la forêt d'Halatte. Il parcourt ses allées depuis des années avec son appareil photo à la recherche du cliché parfait. Régulièrement, il tombe nez à nez avec des animaux sauvages. "On voit que le nombre de cerfs et biches a bien baissé par rapport aux dernières années", explique le jeune homme.
La pression de chasse est trop élevée sur ce secteur
Romain Woloszyn
Lorsqu'il tombe sur le plan de chasse des cervidés prévu en forêt d'Halatte dans l'Oise, il est surpris. La fédération des chasseurs et l'Office national des forêts (ONF) avec l'autorisation de la préfecture, comptent abattre 115 cerfs et biches. "Le chiffre le plus élevé de cervidés observés est de 118 individus cette année. Le plan entraîne une pression de chasse trop importante sur ce secteur. Il faut la diminuer et que les animaux regagnent la forêt", explique le Romain Woloszyn. Il poursuit : "Le risque, c'est que la population descende très bas et ça peut mettre très longtemps à remonter. Les biches ont généralement un seul petit".
Pour tenter d'alerter sur ce plan de chasse, le membre de l'association Agir pour la Pérennité de l'Espèce Cerf en forêt d'Halatte (APECH) a lancé une pétition le 15 avril 2024. Elle compte près de 35 000 signatures. Romain n'est pas un anti-chasse. Il discute avec eux pour trouver une solution : "Les chasseurs sont prêts à se remettre en question. Ils ne sont pas bloqués sur leur chiffre".
Un bilan dressé sur le nombre de cervidés en novembre
La fédération de chasse de l'Oise s'est emparée très vite de la question. Son président, Guy Harlé d'Ophove, admet qu'il faut être extrêmement vigilant sur la forêt d'Halatte : "Nous allons regarder ce qui se passe dès les premières chasses. Dès novembre, un bilan sera dressé sur le nombre de cervidés. Si nous constatons une erreur sur les plans, on arrêterait leur chasse dans ce secteur cette année".
Mais une question reste en suspens : comment de tels quotas ont-ils été décidés ? Pour réaliser ces plans, les chasseurs et l'ONF font des indices nocturnes d'abondance (INA). Cela leur permet d'avoir une tendance sur le nombre d'animaux présents dans certains secteurs. À partir de ce chiffre, ils décident ensuite du nombre à abattre sur une zone.
"Pendant cinq ans, il n'y a pas eu d'INA. On a un peu géré au doigt mouillé sans avoir d'éléments très précis. En conséquence, avec l'ONF et nos partenaires, nous avons décidé de faire des comptages réguliers tous les ans. En fonction, on rectifie les plans de chasse", explique Guy Harlé d'Ophove.
Un équilibre difficile à trouver pour la forêt
Pour l'ONF, l'équilibre de la forêt dépend aussi des quotas de chasse. "Le problème, c'est que les cervidés ont besoin de se nourrir. Ils ont tendance à consommer les jeunes pousses des arbres et les fruits forestiers, donc il y a moins d'arbres. Derrière, ce qui arrive à pousser est raboté par les cerfs et les biches", renseigne Pierre Gegou, responsable chasse à l'ONF. Il continue : "Les mâles ont également tendance à se frotter aux arbres et enlever l'écorce. Cela rend les arbres plus vulnérables aux maladies et aux champignons".
Sur la question des quotas, l'agent de l'ONF est mesuré : "Il faut trouver un équilibre entre ni trop de cervidés ni trop peu. C'est très difficile. Quand, on arrive à stabiliser une population en adéquation avec son milieu sans porter préjudice aux forestiers ou au monde agricole, c'est parfait. Mais aujourd'hui, on n'y est pas".
Avec Narjis El Asraoui / FTV