Vouée à la destruction, la piscine de Doullens dans la Somme, devient le support de graffeurs de la France entière durant l'été. Cet ensemble d'œuvres éphémères sera accessible au public et gratuit à la rentrée.
Après l'immeuble d'Abbeville fin 2020, le Pôle des cultures urbaines de la Somme porte aujourd'hui le projet Transition la Piscine à Doullens, dans la Somme. Là encore, des graffeurs investissent le bâtiment voué à la destruction pour en faire une œuvre éphémère et monumentale de street art.
La piscine Marc Revaux est méconnaissable. Chaque jour, de nouvelles fresques murales recouvrent les vieux murs. Des figures fantastiques, créatures des abysses, qui surprennent Romain, maître-nageur ici pendant des années : "Ici il y avait des cabines partout. Quand on a déjà retiré tous les casiers, ça faisait piscine un petit peu morte. Et là ils lui redonnent vie, donc c'est vraiment beau. C'est agréable à voir, à chaque fois qu'on passe dans un couloir on se dit : 'Ah ouais ils ont fait ça !' Impressionnant."
Un projet initié par la municipalité. Après 46 ans de service, la vieille piscine sera détruite et remplacée par une résidence séniors. Un lieu qui aura vu passer des générations de Doullennais, lesquels seront conviés à découvrir ce travail artistique à la fin de l'été. "Il sera accessible gratuitement pendant quatre mois, du 26 août jusqu'au 30 décembre, les après-midi et en soirée, semaine et weekend. Et il y aura un accueil de réalisé avec de jeunes étudiants par exemple pour orienter le public", détaille Christelle Hiver, maire (DVD) de Doullens.
Sortir des hangars désaffectés
Une quinzaine de graffeurs, venus des quatre coins de la France, vont se succéder tout l'été dans ce qui était encore il y a quelques mois la piscine de Doullens. Aubin, du collectif beauvaisien "Cache-Misère", met la dernière main à sa fresque sur le thème aquatique, heureux de quitter la rue et de rendre son travail visible.
"On sort un peu de nos hangars désaffectés, ça fait plaisir", confie-t-il. Et quand on lui demande si être graffeur ce n'est pas aussi adopter une forme de clandestinité, il répond : "Oui un peu, ça a commencé comme ça et puis au fur et à mesure on voit que notre travail plaît et puis aujourd'hui on est là, présents."