Dans la famille des sports nautiques et de glisse, nous testons cette semaine l'aviron, à l'Aviron Union Nautique de Lille. Au programme, le huit avec barreur, le deux de couple et le lite boat, un aviron en solo particulièrement stable. Je vous raconte cette première. #Vousêtesformidables

Il existe des moments de plénitude, des moments où on se dit "voilà une belle journée de passée !" Imaginez, un soleil couchant sur la Deûle à Lille, des péniches planquées sous les arbres de différentes couleurs en ce milieu d'automne, le long des berges où quelques poules d'eau et canards ont élu domicile. 

Le décor est planté. C'est celui des rameurs de l'Aviron Union Nautique de Lille qui m'accueillent aujourd'hui. Leur club, associatif, date de 1902 - c'est-à-dire quelques mois après la loi du 1er juillet 1901 qui encadre les associations - et fait par conséquent, de l'AUNL, l'un des plus anciens club de sport du Nord et du Pas-de-Calais. 

Aujourd'hui, si les péniches ne sont pas de sortie, tout est calme, il fait beau et frais. Les signaux sont au vert pour tester - dans de très bonnes conditions - l'aviron pour #Vousêtesformidables.

Tank à ramer

Tout commence par quelques coups de pelle (ou d'aviron) dans le tank à ramer. Entendez "réservoir" et non "char d'assaut". Il s'agit en fait d'un bassin, séparé en deux couloirs et au centre desquels les rameurs viennent prendre position pour travailler leur technique ou s'échauffer.

Sur près de 400 clubs d'aviron en France, seuls une quarantaine possède ce type de tank à ramer. Là, niché sous la piscine olympique Marx Dormoy, en compagnie d'Aurélie Gernez-Paul, la coach responsable compétition du club, j'effectue mes premiers coups de rames. Il faut d'abord régler les cale-pieds. Mettre les avirons dans les dames de nage (lire ci-dessous) et c'est parti ! 

Rigueur et discipline sur l'eau


Un quart d'heure plus tard, si le rythme de rame n'est pas très soutenu - on travaille plutôt la technique - il commence à faire bien chaud dans cet espace confiné, sous deux couches légères de vêtements. Premier conseil, si vous essayez l'aviron, préférez multiplier les couches pour être isolé du froid et surtout ne prenez pas de vêtements amples, l'extrémité de la rame pouvant se prendre facilement dans une manche ou une poche ouverte lorsqu'on rame. 

Ainsi échauffé, l'heure est venue de sortir le huit, un bateau impressionnant de 18 m qu'on peut pousser à la rame jusqu'à 25 km/h. C'est le "bateau-roi" qui est utilisé pour la course la plus prestigieuse entre les universités d'Oxford et de Cambridge, à Londres, chaque printemps.

Roulement de tambours. Ou presque. Les rameurs du club de l'AUNL se disposent de part et d'autre du huit. "On lève !", lance l'entraîneur. Trois secondes passent en silence, le temps de vérifier que tout est en ordre puis "à épaules". On pivote devant pour mettre le bateau parallèle au canal de la Deûle. Puis "en tête" (on soulève le huit au-dessus de la tête) puis on pose délicatement le bateau à l'eau. Un spectacle rodé, millimétré, qui tient quasiment du défilé militaire. "Ca fait partie de la rigueur et de la discipline imposées. On vit ensemble, le matériel coûte très cher [ce huit, environ 80 000 euros], il faut faire attention", explique Aurélie. 

 

Nous voilà désormais sur la Deûle, à bord d'un bateau mythique : une drôle et superbe expérience !

Je suis à la nage, c'est-à-dire que je donne la cadence, un peu épaulé par la barreure, Lou Givort, 20 ans, face à moi. "Pas trop vite, prends le temps", me glisse-t-elle. Aurélie nous suit avec un bateau à moteur et via son mégaphone nous distille ses instructions. "Sur l'arrière... Allez !... Pelle au carré [perpendiculaire à l'eau] plus tôt, Emmanuel !". Un moment extraordinaire. 

La frustration du rameur amateur

Vient le moment de la confrontation, de la course. Je pressens que mon niveau de débutant va me jouer des tours. Même en se donnant à fond physiquement, je serai inévitablement handicapé par mon peu d'expérience technique. Sur le huit, j'ai déjà fait quelques fausses pelles [aviron mis à plat dans l'eau]. Sur le deux de couple, je sais qu'une mauvaise manoeuvre de ce type risque de nous mettre à l'eau Bruno Roussel, mon binôme, et moi. Nouvelle pression. Nos adversaires, Basile, 18 ans, et Vincent, 42 ans, gagneront facilement dans ces conditions. Mais qu'importe, le plaisir de la glisse sur l'eau et de réussir à prendre de la vitesse a encore une fois été présent. 

Le bilan ? Passée la frustration de ne pas avoir pu me dépenser à fond physiquement [comme au judo précédemment], le plaisir était au rendez-vous ! Cette frustration donnerait - à l'inverse d'une quelconque amertume - plutôt un petit goût de "reviens-y". Il existe de nombreux clubs dans la région Hauts-de-France. Avec des sections loisir et compétition. 

Où pratiquer ? 

En 2015, quelque 45 000 personnes étaient licenciées dans 420 clubs en France. Dans les Hauts-de-France, voici une liste non exhaustive des principaux clubs des cinq départements de la région. Les clubs vous y accueilleront moyennant une licence de 42,20 euros plus le prix d’une cotisation dans le club : très variable selon la taille du club, son infrastructure, son parc à bateaux… Disons de 100 à 500 euros (variable également selon la catégorie d’âge). Des prix conséquents certes, mais il est à noter par exemple que le prix d’un huit de compétition avec les avirons coûte 50 000 euros.

Lexique pour néophytes

Bâbord : gauche du bateau par rapport au sens de la marche. Comme le rameur est dos au sens de la marche, bâbord est à sa droite.

Barreur : donne la cadence via une cox box (lire ci-dessous) et dirige le bateau 

Boule de protection : boule de caoutchouc fixée à l'extrémité d'une coque pour la protéger des dommages et ne pas provoquer de blessure en cas de collision.

Cox Box : appareil électronique qui combine un moniteur numérique de fréquence de coups, un chronomètre et un amplificateur vocal. Il est généralement utilisé par un barreur pour surveiller les performances de l'équipage et amplifier les instructions données par le barreur à l'aide d'un microphone et d'une série de haut-parleurs.

Dame de nage : pivot sur le portant (lire ci-dessous) dans lequel l'aviron est fixé

Nage : position en partant de la pointe arrière du premier rameur donnant la cadence

Palette : extrémité de l'aviron qui est immergée au moment de la propulsion

Pelle : autre nom de l'aviron

Planchette : seule partie du bateau où le rameur pose le pied pour embarquer ou débarquer

Portant : structure métallique à l'extérieur du bateau sur laquelle repose l'aviron

Sabot : dispositif qui maintient la proue d’un bateau avant une course, puis la plonge sous l’eau au signal du départ pour un alignement parfait des compétiteurs

Tribord : droite du bateau par rapport au sens de la marche. Comme le rameur est dos au sens de la marche, tribord est à sa gauche.

Une nomenclature spécifique

Plus qu'un long discours voici quelques exemples d'abréviations et leurs traductions. 

  • HS8+ : huit de pointe senior homme avec barreur.
  • FJ4- : quatre de pointe junior femme sans barreur.
  • HC2X : deux de couple cadet homme.
  • HM1X : skiff minime homme.
  • FM4X+ : quatre de couple minime femme avec barreur.

 

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