Lundi 20 novembre sera rejoué le match opposant le Losc et Amiens SC. Le 30 septembre dernier, il avait été interrompu suite à l'effondrement d'une tribune,qui avait fait une trentaine de blessés. Ces derniers doivent désormais choisir s'ils retourneront assister, ou non, au match.
"J'y retourne lundi. J'ai commencé le match et je veux absolument le finir": Rémi, jeune supporter lillois blessé le 30 septembre lors de la chute d'une barrière durant Amiens-Lille, ira soutenir le Losc pour son retour au stade de la Licorne lundi et ce match à rejouer.L'adolescent de 16 ans, victime d'un traumatisme crânien, d'un déplacement du bassin et d'une plaie à la hanche, fait partie des 29 supporters lillois blessés. Il est pourtant déterminé à retourner sur les lieux de l'accident qui aurait pu être encore plus dramatique.
"Il y a toujours la peur que ça revienne, donc retourner sur les lieux ça va faire un petit truc. Forcément j'ai une appréhension et je n'irai pas au premier rang. Malgré ce qui s'est passé, la passion reprend vite le dessus. On est prêt à tout quand on est passionné", explique le jeune supporter originaire de Roncq
Ses parents, déjà réticents à ce qu'il aille à la Licorne en septembre, ont bien essayé de le dissuader d'y retourner. Mais c'était peine perdue. Rémi a envie et besoin d'aller à ce match.
"Tourner la page"
"Amiens c'était mon premier déplacement et je m'en souviendrai toute ma vie. Mes parents avaient peur des hooligans et ne voulaient pas que j'y aille. Ils ont regardé le match à la télé, ils ont vu l'accident, ils ont foncé à Amiens pour me rejoindre à l'hôpital. Evidemment, ils auraient préféré que je n'y retourne pas, mais ils n'ont pas vraiment eu le choix !" raconte l'adolescent, qui fait partie du kop lillois au stade Pierre-Mauroy.
"Psychologiquement les premières semaines ont été très dures, je n'arrivais pas à dormir, j'y pensais tout le temps et je faisais des cauchemars. Je me revoyais tomber et être écrasé, c'était horrible", explique-t-il. Retourner à la Licorne, c'est un peu le moyen de refermer le chapitre, "de tourner la page" pour Rémi, qui attend des joueurs "qu'ils donnent tout pour nous offrir cette victoire".
Mais d'autres, comme François, 24 ans, légèrement blessé le 30 septembre (entorse cervicale, petit saignement à un genou), ne feront pas le déplacement à Amiens lundi. "Mes parents ne veulent pas que j'y aille, ils ont eu très très peur qu'il m'arrive quelque chose de grave. De toutes façons, y retourner m'aurait rappelé des mauvais souvenirs donc je n'étais pas super motivé pour y aller", avoue-t-il.
"J'ai été traumatisé"
"J'ai été traumatisé et choqué, touché physiquement mais surtout moralement", ajoute le jeune homme, qui regardera le match dans un bar avec d'autres fans. "Ca sera un moment spécial quand même" prédit-il. La grande majorité des personnes présentes à la Licorne le 30 septembre aurait souhaité y retourner lundi. Mais l'horaire peu habituel du match (19h00 en semaine), communiqué seulement six jours avant la rencontre, va priver beaucoup de supporters du déplacement.
"Evidemment que j'aurais voulu y aller, mais je ne peux pas car je dois tenir mon commerce", explique Franck Deffenain, patron du bar Le Chagnot à Tourcoing. Il était au stade le 30 septembre avec une cinquantaine de membres de la section de supporters qu'il préside. "Ceux qui n'iront pas, c'est pour des raisons professionnelles, ça n'a aucun lien avec l'accident. Certains membres vont y aller, dont mon fils, explique-t-il. Il n'y a aucune appréhension avant de retourner là-bas, sinon je ne laisserai pas mon fils y aller."
"Je n'ai absolument pas peur", souligne Luca Deffenain, qui se rendra au match avec son ami Clément Descatoire. Les deux adolescents, qui n'ont "pas hésité une seconde" au moment de décider de retourner à la Licorne, sont persuadés que le parcage visiteurs "est très sûr".
Forts du soutien indéfectible de leurs supporters, la balle est désormais entre les pieds des joueurs lillois. "S'il y a bien un match qu'ils doivent gagner pour nous faire plaisir, c'est celui-là!" conclut Franck Deffenain.