Les restaurants avec vente à emporter ont le droit de rester ouverts. Alors à Hem, un couple de gérants d'une baraque à frites a décidé de continuer à travailler. Ils racontent leur confinement à eux, au service de ceux qui travaillent.
Dire que Martin et Valérie de Abreu n’ont pas la frite, c’est un peu abuser ! D’abord parce que le jeu de mot facile n’est pas terrible, mais surtout parce que ça ne correspond pas au tempérament du couple.
Des fonceurs, opiniâtres et optimistes les De Abreu, bien connus pour leur jovialité ! Ils tiennent la friterie de Hem depuis 20 ans. Frites fraiches, filet américain et sandwiches portugais maison se vendent depuis quelques années sur la zone d’activité des 4 vents à Hem. Leurs clients : des salariés de Kiabi, Mondial relay, Dispeo, Sarbacane…
Moins 60 % de clients
Mais forcément depuis le confinement , en fait depuis mercredi dernier, ils ont perdu 60% de leur clientèle ! D’une bonne trentaine de clients chaque midi, ils n’en voient plus passer qu’une petite dizaine ! « Comme tout ferme, ou que les gens sont en télé-travail, il y a beaucoup moins de clients sur place, explique Valérie de Abreu. Et la clientèle qui nous reste nous ne la connaissions pas » .
En fait, elle sait que les rares salariés qui se déplacent encore sur le site de leur entreprise allaient, avant le confinement, déjeuner dans les restaurants alentour, ou se faisaient livrer leurs repas. Mais les restaurants ont fermé et les livraisons ont cessé. Du coup, pour ceux qui n’apportent pas leur repas, il reste la friterie.
Un accueil chaleureux pour les routiers
« Ouvrir pour 10 repas par jour, ça ne vaut pas vraiment le coup mais on veut soutenir ceux qui travaillent » ! Et Valérie De Abreu précise : « En plus, on donne un peu de chaleur aux routiers : ils nous disent que dans les entrepôts, ils sont reçus comme des pestiférés alors ils nous remercient de leur permettre de bien manger, parce qu’on a gardé toute notre carte ! ».
Elle avoue sa grande crainte : transmettre le virus ! C’est pourquoi elle prend toutes les mesures de sécurité possibles : bien sûr gants, masques et distance de sécurité – imposée de toute façon par le comptoir ; désinfection des plans de travail et appareil à CB ; gel hydroalcoolique à disposition des clients etc … Et comme sa fille et sa belle fille sont aide-soignante et infirmière, elle est à bonne école !
« On garde le moral même si on ne sait pas jusqu’à quand on pourra rester ouvert ! Ce qui nous fera fermer ? Avoir zéro client ! » En tout cas, pour ceux qui viennent encore, et qui sont « bouc a chuc », Valérie continue de préparer ses gâteaux aux pommes et ses pudding à la maison !