Le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer a annulé vendredi la procédure engagée par le parquet à l'encontre de 8 activistes pro-migrants qui avaient brièvement occupé un bâtiment dans le centre-ville de Calais, la présidente ayant fait droit à une exception de nullité soulevée par la défense.
Les huit activistes, quatre femmes et quatre hommes âgés de 20 à 30 ans, comparaissaient pour "dégradation ou détérioration du bien d'autrui en réunion" et "refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques intégrés dans un fichier de la police".
Le procureur avait requis deux mois avec sursis pour chacun des prévenus. Après trois heures d'audience, la présidente du tribunal, Thérèse Willard, a clôt les débats en prononçant une procédure irrégulière. Une cinquantaine de personnes venues soutenir les militants pro-migrants ont accueilli le jugement par des applaudissements.
"Irrégularités"
Lors de l'audience, l'une des avocates des huit jeunes, Me Marie-Hélène Calonne, a dénoncé les "irrégularités dans lesquelles se sont déroulées les interpellations" et "les conditions dans lesquelles ont été notifiées les gardes à vue". "Les notifications des gardes à vue sont hallucinantes, si (les prévenus) ont gardé le silence c'est que les enquêteurs n'ont pas déterminé les langues qu'ils parlaient", a renchéri Me Jennifer Vasseur, autre avocate des huit prévenus, parmi lesquels trois Suisses, une Belge, trois Français et une Anglaise. "Nous n'étions pas dans une situation de flagrance et le fait d'entrer dans un immeuble désaffecté ne constitue pas une infraction", a argumenté pour sa part Me Arnaud Leroy, troisième avocats des activistes. Le 27 mars, les huit militants pro-migrants avaient occupé pendant quelques heures un bâtiment d'environ 500m2 appartenant à un particulier. Ils avaient été délogés dans la journée par deux compagnies de CRS et placés en garde à vue.
Selon Philippe Mignonet, maire adjoint de Calais en charge de la sécurité, c'est la maire de Calais, Natacha Bouchart (LR), qui était "intervenue directement auprès du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve pour lui demander l'intervention immédiate des forces de l'ordre, pour qu'il n'y ait pas de squat à Calais".