Thalys : S.Royal teste les portiques et veut les déployer partout malgré les critiques

Les portiques de sécurité sur les lignes Thalys seront opérationnels le 20 décembre, a confirmé jeudi Ségolène Royal, qui avait décidé cette mesure après les attentats de Paris et veut l'étendre aux TGV et aux TER, malgré l'opposition de la principale fédération d'usagers.

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La ministre de tutelle des transports a testé jeudi matin les portiques et les scanners à rayons X à la Gare du Nord, avant leur mise en service dimanche à Paris et à Lille, sur les lignes Thalys qui desservent notamment la Belgique et les Pays-Bas.

Elle a assuré que leur fonctionnement ne ralentirait pas trop les voyageurs et qu'il suffirait d'arriver "20 minutes avant le départ du train", comme par le passé. Ségolène Royal considère également que "si le dispositif est fluide et fonctionne bien", il peut être étendu à tous les trains en France. "Il n'y a pas de raisons qu'on ne sécurise que le Thalys, tous les TGV, les trains nationaux" sont concernés, et même "les TER où les régions peuvent parfaitement
les installer
", a-t-elle assuré devant plusieurs médias.


"Irréaliste", selon les usagers

Dans un communiqué, la principale fédération d'usagers de transports s'est pourtant prononcée jeudi contre un "filtrage systématique des voyageurs à l'entrée des gares et des trains". La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) juge la méthode "irréaliste" car elle "ralentirait la circulation et l'embarquement des voyageurs". "Les files d'attente avant filtrage seraient très exposées à d'éventuelles actions terroristes" et le filtrage "ne permettrait pas l'accompagnement des personnes âgées, handicapées, chargées de bagages ou voyageant avec des enfants en bas âge",
a-t-elle prévenu.

Ségolène Royal a promis que des files seraient réservées aux personnes en situation de handicap notamment. Pour l'instant, pour le Thalys, seuls les quais français sont équipés, mais la ministre considère que ses homologues belges, hollandais ou allemands "doivent s'y mettre". "Tous mes homologues m'ont appelée, on va organiser une visite avec eux en début d'année pour qu'ils viennent voir", a-t-elle déclaré.


2,5 millions d'euros

Selon la SNCF qui partage la gestion du Thalys avec les chemins de fer belges et allemands, l'équipement d'un quai coûte 2,5 millions d'euros chaque année, frais de personnel compris. Le coût des installations à Paris et à Lille est assumé par l'entreprise publique à ce stade. L'entreprise française HTDS, qui a installé les portiques, a en fait redéployé ceux utilisés pendant le sommet de l'ONU sur le climat, la COP21, organisée près de Paris, au Bourget, du 30 novembre au 12 décembre.

L'installation des portiques avait été décidée à la suite des attentats du 13 novembre à Paris (130 morts) et de l'attaque ratée fin août dans un train Thalys, Amsterdam-Paris. Une proposition de loi sur la sécurité dans les transports est également en cours d'examen à l'Assemblée. Elle permettrait aux agents de sécurité SNCF et RATP de procéder à des palpations de sécurité ou de fouiller des bagages, avec l'accord des passagers.

Les agents pourraient également patrouiller en civil dans les rames pour réaliser des fouilles inopinées. Le Défenseur des droits Jacques Toubon a exprimé de "sérieuses réserves sur certaines dispositions majeures" de la proposition de loi, qui donnent selon lui des "missions de sécurité publique à des agents de sécurité privée". Ces avertissements sur les libertés publiques sont à l'origine d'amendements écologistes.

"Le Défenseur des droits est dans son rôle", a réagi mercredi le secrétaire général de la SNCF, Stéphane Volant, tout en soulignant l'importance du code d'éthique au sein de l'entreprise, et du partenariat noué avec l'association SOS Racisme pour encadrer ces éventuelles fouilles et palpations. Par ailleurs, il a annoncé l'expérimentation de nouvelles technologies pour détecter les bagages ou les comportements suspects.

Parmi elles, un logiciel d'analyse comportementale qui pourrait être intégré aux 40.000 caméras de surveillance de la SNCF. Il est fondé "sur le changement de température corporelle, le haussement de la voix ou le caractère saccadé de gestes qui peuvent montrer une certaine anxiété", a-t-il décrit, mais il faudra d'abord tester l'acceptabilité sociale de la mesure, pour voir si elle ne suscite pas l'opposition des voyageurs.
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