Un nouveau groupe d'Iraniens se fait coudre la bouche dans la "Jungle" de Calais

Un groupe de migrants iraniens se faisait coudre la bouche en signe de protestation contre leur sort, jeudi dans la "Jungle" de Calais, une douzaine d'heures après le même geste accompli par certains de leurs compatriotes.

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La crise des migrants de Calais a pris jeudi une nouvelle dimension, avec le geste commis en public par un groupe d'Iraniens qui se sont faits coudre la bouche dans le camp de la "Jungle", une douzaine d'heures après une initiative identique de certains de leurs compatriotes, La scène se passait, au milieu d'un attroupement, devant des photographes et cameramen, juste en face de l'abri de Médecins sans frontières, dans la zone sud du camp vouée
à être évacuée. Neuf Iraniens avaient la bouche cousue ou en train de l'être, avec des aiguilles et du fil, sans que l'on sache si parmi eux certains s'étaient déjà fait coudre la bouche la veille.

Ce groupe était constitué uniquement d'hommes, qui avaient presque tous le visage masqué par des écharpes trouées au niveau des yeux. L'un d'eux, âgé d'une quarantaine d'années, poussait des gémissements. La veille, huit Iraniens, selon deux associations d'aide aux migrants, deux selon
la préfecture, s'étaient fait coudre la bouche. Ils avaient agi ainsi "parce que leur cabane venait d'être détruite", avait expliqué François Guennoc, de l'association L'Auberge des migrants.

Ils avaient défilé brièvement dans une allée du camp, avec deux pancartes: "We are humans" ("nous sommes des êtres humains") ou encore "Where is your democracy? Where is our freedom?" ("Où est votre démocratie? Où est notre liberté?"). "De tels faits ne peuvent que susciter une profonde émotion", avait réagi la préfecture dans un communiqué. Mais "rien ne justifie de telles extrémités alors même que l'Etat met tout en oeuvre pour sortir les migrants des conditions indignes dans lesquelles ils survivent dans la zone sud".

Ces migrants répétaient un geste commis en novembre dernier à Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, par cinq de leurs compatriotes voulant ainsi protester contre le refus de la Macédoine de les laisser passer.

Pelleteuses à l'oeuvre

Comme depuis lundi, premier jour de l'opération d'évacuation de ce secteur où vivent de 800 à 1.000 migrants selon la préfecture, mais 3.450 selon les associations, les travaux des ouvriers et des pelleteuses ont démarré peu avant 09H00, par un vent glacial sur la zone sud. Un hectare environ,  sur une surface de quelque 7,5 hectares, a été évacué, selon la préfecture.

Sur un terrain boueux, les ouvriers de l'entreprise de BTP Sogéa et les équipes de services de l'Etat chargés de convaincre les migrants d'accepter une solution d'hébergement ailleurs que dans le bidonville, encadrés par les CRS, ont commencé à arpenter et déblayer le terrain d'un secteur où est implanté un important "lieu de vie" de la "Jungle": "l'ashram kitchen". Cette grande tente soutenue par une structure métallique fait office de centre de distribution de repas. On y sert en permanence sandwiches et thé. Une trentaine d'associatifs et de bénévoles, craignant que ce lieu ne disparaisse, s'étaient ainsi rassemblés devant, jeudi matin. "C'est un endroit très couru, où sont servis environ 1.000 repas par jour. Les migrants y trouvent de la nourriture chaude et du thé, c'est important pour eux, surtout pour les femmes et les enfants. J'espère qu'il ne sera pas détruit", explique l'une des bénévoles, souhaitant conserver l'anonymat. A ses côtés, dans le bruit des pelleteuses, Wadou, un Erythréen, confirme: "J'aimerais pouvoir continuer à venir tous les jours. Je n'ai rien pour cuisiner dans mon abri. Ça me rend triste."

L'ordonnance du jugement du tribunal administratif de Lille autorisant jeudi dernier l'évacuation partielle de la "Jungle" avait cependant insisté sur la préservation des lieux à caractère "social", "culturel" ou "cultuel", "soigneusement aménagés", sans préciser si commerces et restaurants en faisaient
partie. La préfecture s'était elle-même engagée à les conserver. Reste à savoir comment, sur le terrain, vont perdurer ces lieux-là, au milieu d'une zone qui aura été vidée entretemps.

C'est dans ce contexte tendu que se tient jeudi à Amiens le sommet franco-britannique, où la question migratoire figure au centre des débats. Avec d'ores et déjà une annonce et une mise en garde. L'annonce: Londres va apporter 20 millions d'euros d'aide supplémentaire notamment à la sécurisation de Calais, selon le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Harlem Désir. L'avertissement: la France cesserait de retenir les migrants à Calais en cas de sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, selon le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.

 

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