Des responsables politiques de gauche et de droite ont dénoncé mardi l'affiche publiée par le syndicat Info'com de la CGT dénonçant les violences policières, qui a semé l'émoi chez les policiers, alors que le syndicat tient son congrès à Marseille.
Le syndicat Info'com de la CGT (salariés de l'information et de la communication), a publié le 16 avril sur son site internet une affiche téléchargeable montrant une matraque et un insigne de CRS, près d'une flaque de sang, titrée : "La police doit protéger les citoyens et non les frapper".Le ministre, qui rappelle que plus de 18 000 policiers et gendarmes ont été blessés en 2015 et que 8 ont perdu la vie, assure que les forces de l'ordre sont "soumises à un contrôle étroit et exigeant" et il appelle à "protéger, plutôt que de chercher à détruire" le "lien de confiance entre la population" et les forces de sécurité. Plus tôt dans la journée, deux syndicats d'officiers de police avaient déjà protesté contre cette affiche dans des communiqués séparés. Pour le SCSI-CFDT (majoritaire chez les officiers de police), c'est une "affiche de la honte". "C'est faire injure aux milliers de policiers et gendarmes blessés ou tués dans l'exercice de leur fonction", a-t-il écrit, ajoutant se réserver le "droit de porter plainte".
Synergie (second syndicat) a évoqué un "appel abject à la haine" et à la "violence" contre les forces de l'ordre. Il a demandé au ministère de l'Intérieur de "déposer plainte contre cette campagne calomnieuse".
Violence policière à Lille ?
Cette affiche fait écho à des photos publiées dans la presse et sur les réseaux sociaux notamment et prises à Lille lors de journée d'action contre la loi travail le 31 mars. Le parquet a saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour instruire une plainte du particulier (présent sur la photo) sur des violences dont il dit avoir été victime de la part de la police. Cet informaticien de 33 ans, se réclamant de la non-violence, avait rejoint un groupe de manifestants bloquant l'entrée du périphérique. Il s'était retrouvé pris entre deux rangs de policiers et avait été matraqué, selon son témoignage et la photo prise un photographe.Réactions politiques à l'affiche de la CGT
Interrogé sur France Info, le député (Les Républicains) Eric Ciotti a jugé cette affiche "scandaleu(se), indigne, honteu(se)". "Ce syndicat s'est discrédité. (...) A mesure que sa crédibilité diminue, il est contraint à la surenchère. Moi je demande très clairement ce matin au ministre de l'Intérieur de déposer plainte contre laCGT".
Même son de cloche chez le vice-président du Front national (FN) Florian Philippot, qui trouve cette affiche "immonde". "La CGT reçoit des millions
chaque année de l'Etat, des collectivités, pour faire ça. Elle ferait mieux de défendre les salariés d'une manière un peu plus sérieuse plutôt que de commettre ces horreurs". Le premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a de son côté dénoncé mardi "une gauchisation" de la CGT, estimant que l'affiche du syndicat dénonçant les violences policières contre les jeunes "fait partie" de cette orientation.
"Il y a beaucoup de choses qui me choquent en ce moment à la CGT", a lancé M. Cambadélis sur France 2. "Hier, lors de l'ouverture du congrès, les
congressistes de la CGT ont crié +les socialistes dehors+. Je constate donc que les socialistes n'ont plus droit de cité dans la CGT. J'en prends acte".
"Il y a une gauchisation aujourd'hui de la CGT, il y a un cours gauchiste qui est en place et cette affiche fait partie de ce cours gauchiste où on veut une CGT pure, une CGT sans opposition, une CGT tellement radicale qu'à la fin elle se regroupe autour de quelques personnalités qui sont en confrontation frontale avec l'ensemble de la société", a dénoncé le responsable socialiste.
"C'est l'orientation de Philippe Martinez", le secrétaire général du syndicat, a estimé M. Cambadélis, "parce que connaissant la CGT, on n'a pas crié +socialistes dehors+ ou fait cette affiche sans que le secrétaire général de la CGT ne le sache". Sur France Info, Raquel Garrido, porte-parole du Parti de Gauche, a dit comprendre "qu'un policier puisse se sentir choqué". Mais, a-t-elle estimé, "on est dans une société démocratique qui doit accepter un certain degré de polémique". Elle a accusé la droite d'avoir, entre 2007 et 2012, "supprimé 10.000 postes de policiers qui sont aujourd'hui au bord du burn-out".