Vaccination : se procurer des doses pour ses patients, le parcours du combattant d’une médecin nordiste

Voilà des mois que Marie-France Michel se démène pour vacciner ses patients. L’intervention d’Emmanuel Macron a décidé nombre d’entre eux à sauter le pas. Problème : la promesse faite aux généralistes par l’exécutif pour leur facilite l'obtention de ces précieux flacons est restée lettres mortes.

Quand le ministre de la santé lui-même ne l’a pas rappelé le 9 juillet, Marie-France Michel n’a pas voulu croire à un mauvais présage… Et pourtant… Depuis des mois, cette doctoresse nordiste bataille pour se procurer des vaccins. Avec toutes les peines du monde. : "Je suis devenue insomniaque", raconte cette jeune soixantenaire, à un an tout juste de la retraite. "Je me réveille souvent à 3h du matin en râlant, parce qu’il me manque des doses. Mes enfants me demandent d’appuyer sur le frein, mais je suis comme ça. Mon énergie, je la tire de bien faire mon métier."

Quand son ministère de tutelle a annoncé le 5 juillet que les généralistes pourraient désormais se procurer des flacons de vaccins dans les centres de vaccination, dès le lendemain, Marie-France Michel a toqué à la porte du centre le plus proche de son cabinet. Première déconvenue : "Personne n’était au courant ", rapporte-t-elle. "Mieux, quand j’ai demandé des doses au chef de centre, il m’a répondu qu’il y avait trop de papiers à faire signer. En gros, laisse-tomber ma poule et va faire tes courses en supermarché. Mais laisser tomber, c’est pas dans mon tempérament."

Alors quatre jours plus tard, la Nordiste réussit à interpeler Olivier Véran, en personne, au téléphone, pendant l’émission matinale de France Inter. Son ministre salue, en direct, son énergie. Il lui promet de vite régulariser ce problème et s’engage à la rappeler après l’émission. Mais personne n’a rappelé Marie-France Michel, qui s’en amuse.

La semaine suivante, l’horizon s’éclaircit enfin : des webinaires, sessions de discussion sur internet sont organisés par son ministère, avec ses confrères, pour mettre en place la mesure annoncée une semaine plutôt. Entre-temps, le président de la république est intervenu à la télé pour motiver les hésitants et les récalcitrants à se faire vacciner. Quatre-vingt de ses patients ont décidé de sauter le pas. "J’avais réussi à en convaincre déjà beaucoup", nuance-t-elle. Sa méthode : brute de décoffrage. "Je leur explique que lorsque c’est la guerre, il y a des soldats qui meurent. Eh bien le Covid, c’est pareil, mais vous prenez un petit risque seulement. Je leur dis aussi que le vaccin, c’est un acte personnel et citoyen. Que le Covid long, c’est une grosse cochonnerie pour les jeunes. C’est vrai, j’ai eu deux patients qui ont décidé de changer de médecin traitant parce que je les avais appelé deux fois pour se faire vacciner."

Sauf qu’il y a deux jours, coup de théâtre : seuls sont concernés par l’annonce ministérielle, les centres de vaccination volontaires. "Dans le Nord, il n’y en a que deux", annonce la doctoresse. "Maubeuge et Saint-Omer, ce sera une expérimentation menée par l’Agence Régionale de Santé. Y a vraiment de quoi être en colère. Quelques jours avant seulement, les autorités nous promettaient autant de doses qu’on voulait à récupérer dans les centres à côté de nos cabinets. Et aujourd’hui changement de discours. On est loin de ce que nous avait promis Olivier Véran début juillet."

Pas question pour autant de baisser les bras pour Marie-France. Plusieurs confrères viennent de la rejoindre dans son combat." C’est dans notre patientèle que nous avons des Français à convaincre à se faire vacciner. Et nous sommes les mieux placés. Pourtant on ne nous en donne pas les moyens." 

Un début de semaine compliqué pour ce médecin, d’autant qu’elle va devoir rappeler tous ces patients qui attendaient de se faire vacciner par leur médecin traitant cette semaine.

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