Cela paraît complètement hors du temps. Presque un poisson d'avril. Et pourtant en 1954, Lille était bien la première ville de France à accueillir une innovation majeure : le chauffage extérieur. En pleine rue.
"La rue Neuve à Lille est devenue la première rue climatisée de France". Le commentaire du journaliste fait sourire mais ce n'est pas une blague. En février 1954, a bien été installé du chauffage dans cette rue commerçante de Lille (Nord), qui donne sur la Grand'Place.C'est Gaz de France qui avait installé des panneaux radiants fonctionnant au gaz de ville. Dans ce reportage de l'époque, on voit des "panneaux radiants" installés sur les immeubles. Et l'inauguration très officielle de cet équipement par des élus.
"Par ces froids sibériens, elle sera probablement la seule où l'on retrouvera l'envie de flâner à l'air", commente le journaliste sur des images étonnantes de passants retirant leur manteau dans la rue pirétonne, en sortant des magasins. Et il conclut avec cette phrase: "Lille Côte d'Azur".
Rapidement, ces équipements ont été retirés et n'existent évidemment plus aujourd'hui...
Polémique autour des chauffages en terrasse
Ces images font également écho à la polémique autour des terrasses chauffées notamment à Rennes. Au titre de la "transition écologique et environnementale", la ville bretonne est devenue depuis le 1er janvier la première métropole en France à bannir les terrasses chauffées des bars et restaurants, une décision qui ne fait pas l'unanimité chez les clients et dans d'autres villes.Retour en arrière: en 1991, la loi Evin interdit le tabac dans les locaux à usage collectif et les transports, suivi d'un décret en 2006 imposant l'interdiction totale de fumer dans tout lieu public. Avec comme "effet collatéral", des fumeurs qui quittent les salles et sortent pour en griller une...Les cafetiers, soucieux de ne pas perdre cette clientèle, investissent dans des dispositifs de chauffage comme les réglettes électriques ou poêles à gaz en acier. Mais, à l'ère des tribunes de Greta Thunberg à l'ONU sur le réchauffement climatique, "comment peut-on expliquer à nos enfants et à nos clients qu'un appareil de 2000 watts chauffe la rue en 2019 en France ?", s'interroge François De Pena, président de l'Umih d'Ille-et-Vilaine.
Mais dans les rues piétonnes de la capitale bretonne, les avis sont plus contrastés. Lou, responsable adjointe du café Le Pignom place Saint-Anne où bat la vie nocturne, craint une chute d'activité : "Les gens ne s'installeront plus et du coup il y aura trop de personnel parfois pour le nombre de gens en terrasse", redoute-t-elle.
A l'élégante brasserie de La Paix, Mariam savoure un café, bien réchauffée par une réglette. "Je n'aime pas être toujours enfermée, surtout l'hiver, c'est pour cela que j'aime être en terrasse. Après je comprends le motif, on a pris de mauvaises habitudes, il va falloir les changer !", juge cette Rennaise de 35 ans.
A Lille, où l'hiver est plus rude, la mairie rappelle qu'"une trentaine d'établissements ont des terrasses chauffées importantes" dans le centre, dont beaucoup "ont bâti leur équilibre économique sur ces terrasses", y réalisant parfois plus de 50% de leur chiffre d'affaires, relève Jacques Richir, maire-adjoint. Soulignant la nécessaire "sobriété énergétique", l'élu souhaite prendre "le temps nécessaire" avant toute modification du règlement.