L'association de défense des animaux One Voice a dévoilé une vidéo dans laquelle un groupe de chasseurs déterrent des renardeaux pour ensuite les tuer à coup de barre de fer. Une vidéo tournée par des bénévoles infiltrés de One Voice dans les Hauts-de-France dont les images sont difficiles.
"Elle a été tournée dans les Hauts-de-France. Je ne peux pas être plus précise pour la sécurité des enquêteurs qui ont infiltré cet équipage de vénerie sous terre. Ce sont des mois de travail. Ce sont des missions extrêmement risquées de filmer dans ce genre de groupe", explique Muriel Arnal, présidente et fondatrice de One Voice.
Des images difficiles
On n'en saura donc pas plus sur l'endroit précis où a été tournée la vidéo dévoilée par l'association de défense des animaux. Tout juste apprend-on qu'elle a été filmée au printemps 2019.La vidéo de One Voice ne dure que deux minutes mais les images sont difficiles à regarder, si tant est qu'on parvient au bout : on y voit un groupe de chasseurs creuser dans un terrier et y envoyer un petit chien. Les cris des bêtes et les bruits de lutte dans ce terrier sont audibles. Et au bout de beaucoup d'effort et d'acharnement, un renardeau en est sorti grâce à une pince en métal qui lui a pris le museau. Il sera tué, comme les autres petits, frappé à grands coups avec cette pince.
6 heures de traque
"Ça a duré près de 6 heures, s'insurge Murial Arnal. Ils ont le droit d'utiliser des pinces en métal pour sortir l'animal. Mais c'est interdit de s'en servir pour tuer les bêtes et c'est pourtant ce qu'ils font". Sur les lieux, deux enfants assistent à la scène. Ils sont venus avec le groupe de chasseurs.L'un est âgé de 5 ans, l'autre de 12 ans : "sur les images, on voit un chasseur demander à ce jeune adolescent de tuer l'un des renardeaux. L'enfant donne un premier coup de pince mais pas très convaincu. Le renardeau n'est évidemment pas mort et l'un des adultes lui arrache la pince des mains et tue le petit", raconte scandalisée Muriel Arnal.
La vénerie sous terre, une pratique légale
Ce que font ces chasseurs est parfaitement légal. Cette pratique de chasse est appelée vénerie sous terre : sont ainsi chassés renards, blaireaux et ragondins. Le blaireau ne figure pourtant pas dans la liste officielle des animaux considérés comme nuisibles. Mais il est classé comme gibier chassable. C'est pour cette raison qu'il est déterré. "C'est extrêmement cruel. C'est sadique parce que les animaux sont en général en train de dormir dans leur terrier et sont surpris. En plus, les chasseurs saccagent la forêt parce qu'ils font des trous partout pour trouver les terriers, assure Muriel Arnal, révoltée. C'est du pour plaisir. C'est une façon pour certains chasseurs de passer une journée ensemble : c'est leur loisir. Ils finissent souvent la journée autour d'un barbecue. Les chasseurs disent qu'ils gèrent la forêt mais ils font en fonction de leur loisir et non en fonction de la forêt elle-même sinon ils ne tueraient pas les renards : on sait aujourd'hui qu'ils sont très utiles dans la nature".
Avec cette vidéo, One Voice ne veut pas seulement dénoncer : "nous demandons l'abolition de cette pratique de chasse. Nous réclamons aussi que les renards ne soient plus classés nuisibles."
Brebis galeuses
Côté chasseurs, c'est la Fédération des chasseurs de la Somme qui prend la parole : "je n'ai vu pas la vidéo et je ne souhaite pas la voir. On ne cautionne pas du tout ce genre de comportements. On en a parlé avec le président et on est tous écoeurés de cette vidéo, déplore Bernard Mailly, l'un de ses vice-présidents. Le renard, c'est un prédateur pour les oiseaux et les lièvres mais on ne veut pas l'exterminer. On le tolère parce qu'il a son utilité dans la nature notamment dans les champs mais on ne veut pas qu'il soit en surnombre. On souhaite que les mises à mort soient propres. Dans la chasse comme dans n'importe quel milieu, il y a des brebis galeuses. Et ceux qui ont fait ça sont clairement des brebis galeuses. On va les dénoncer, c'est sûr"Patrick Coustenoble est président de l'association des déterreurs du Nord qui compte une quinzaine d'adhérents. Au téléphone, il souffle : "on voit que ce ne sont pas des pros. Ce sont des amateurs et ce n'est pas représentatif de ce qui se passe. Je suis d'accord que la façon dont ils ont sorti les animaux et dont ils les tuent, ce n'est pas propre. Ils attrapent les bêtes par le museau avec une pince de patte au lieu d'utiliser une pince de cou. Si ça avait été propre et bien fait, ça ne se serait pas retrouvé sur internet. Je comprends que les gens s'émeuvent de ce qu'on voit, surtout avec des renardeaux. Et surtout de la façon dont c'est fait. C'est de la violence gratuite. Nous, on nous demande de l'éthique et c'est ce qu'on fait. Mais on ne peut pas tout contrôler."