Nous avons suivi une maraude du SAMU social à Lille, où les rues sont désormais désertes.
Des rues désertes, des commerces et des centres d'accueil fermés, d'autres saturés... Pour les sans-abris, le confinement décrété pour lutter contre la propagation du Covid-19 risque d'être long... et c'est sans parler de leur exposition au coronavirus.
"Ce matin, je voulais prendre ma douche, rencontrer un médecin à une association qui s'est fermée à cause du coronavirus", raconte un homme. "J'essaie de me rendre à Frédéric Ozanam (ndlr : un centre d'accueil pour les personnes en difficulté), pas loin de la CAF... fermé."
Les consignes et mesures de précaution, distribuées par des bénévoles du SAMU social de Lille, recommandent de se laver les mains le plus souvent possibles, mais "maintenant, nous les SDF, on fait comment pour se laver ?"
C'est compliqué pour manger, pour boire
"Regardez les rues, il y a personne pour nous aider !" abonde un autre sans-abri, devant la gare Lille-Flandres. "Il y a plus personne. C'est compliqué pour manger, pour boire..."
Depuis ce jeudi 19 mars, des distributions de repas sont assurées chaque jour dans les rues de Lille par la mairie, entre 19H30 et 21H à deux endroits : place de la République, dans le centre et sur le site Sainte-Colombe des Restos du Cœur à Wazemmes.
Même parmi les bénévoles qui leur distribuent de la nourriture dans la métropole, cinq ont stoppé leur activité depuis le début de la pandémie de Covid-19. "Les gens commencent à être un petit peu tendus au vu de la situation, parce qu'ils ne trouvent plus les différents accueils qui pouvaient leur rendre service pour les accès douches, nourritures, les soins, etc", nous glisse-t-on. "Forcément, ils se retrouvent sans aucune solution. On n'a pas non plus suffisamment d'alimentation pour répondre aux besoins de tout le monde, donc c'est compliqué.
Jeudi, la préfecture du Nord a annoncé la fin de la trêve hivernale et précisé que pour les personnes vulnérables, "l’État aura mis à disposition 153 places d’hébergement supplémentaires sur la Métropole européenne de Lille en mobilisant deux hôtels et une auberge de jeunesse".
400 à 500 personnes concernées
Les centres d'hébergement sont également saturés. "Aujourd'hui, on n'a pas de solution à proposer", déplore un directeur de centre, "des solutions sont en réflexion par les services de l'État sur des centres, des centres spécialisées, avec toutes les difficultés que ces services rencontrent pour trouver du bâtiment et mobiliser en urgence."
Entre 400 et 500 personnes seraient ainsi livrées à elles-mêmes à Lille. À Calais et à Grande-Synthe, les migrants sont également confrontés à ces problèmes.