Avec la fermeture des bars et des restaurants en raison de la pandémie de coronavirus, les pommes de terre ou les fûts de bière deviennent des denrées dangereusement périssables. Une catastrophe pour ces filières des Hauts-de-France obligées de jeter leur production.
L'épidémie de coronavirus n'est pas terminée, mais déjà se pose la question des débouchés pour des milliers de tonnes d'excédents de pommes de terre ou de litres de bières non vendus pendant les deux mois de confinement. Une menace économique en raison de lourdes pertes pour les producteurs de notre région.
Des stocks de bières impossibles à écouler
300 fûts, 6000 litres de bière accumulés et entreposés depuis deux mois à Croix, près de Lille, chez le brasseur artisanal Cambier. " Leur date limite c'est août 2020, nous sommes en mai, il reste donc 3 mois", constate Jean-Christophe Cambier. " Si la crise continue encore un certain nombre de mois, il faudra se poser la question de savoir ce qu'on l'on va faire des ces fûts...", soupire-t-il.
Depuis le début de la pandémie de Coronavirus, la brasserie n’a vendu aucun fût, ce qui représente normalement 50% de son chiffre d'affaire. Mais tous ses clients sont fermés : "Les cafés, les bars, les restaurants, toutes les locations de pompes à bières pour les mariages, les baptêmes et les fêtes de famille ... tout ça c'est complétement à l'arrêt depuis deux mois." Malgré la réouverture du magasin, la perte estimée en deux mois est de 50 000 euros.
450 000 tonnes de frites perdues
Même constat pour la filière de la pomme de terre, destinée à l’industrie de la frite. Dans les entrepôts de ce producteur de Comines, dans le Nord, 300 tonnes de pommes de terre ont perdu toute valeur avec la fermeture des restaurants et des cantines. " Tout ça, ça vaut zéro financiérement, aujourd'hui. Ce n'est plus vendable. Ces 300 tonnes de pomme de terre, c'est 45 000 euros et c'est perdu ", calcule Jean-paul Decherf, agriculteur.
En France, 450 000 tonnes de pommes de terre n’ont pas été transformées en frites depuis le début de la crise. Bertrand Achte, représentant de l' Union nationale des producteurs de pommes de terre - UNPT - appelle, aujourd'hui, à l'aide. " C'est une réelle catastrophe pour la filiére, puisqu'aujourd'hui, l'on estime à 200 millions d'euros la perte subit par la filiére pomme de terre. Nous demandons à l'Etat français de nous accompagner à hauteur de 35 millions d’euros pour compenser cette perte de productivité."
Cette crise aura des conséquences jusqu’en 2021. Les producteurs ont déjà diminué les plantations de pommes de terre au profit d’autres cultures.