Alors que l'Orchestre National de Lille ne retrouvera vraisemblablement pas les grandes salles avant des mois, ses musiciens s'en sont donné à coeur joie dans cette interprétation, en fin de confinement. Une initiative originale portée par quelques musiciens de l'ONL.
"Cela va prendre quelques mois avant de retrouver les grandes salles et, on voulait rester soudés et faire des choses ensemble. Ca a commencé par une visio entre 5-6 amis musiciens à l'Orchestre National de Lille, et puis on a rassemblé 88 vidéos de 56 musiciens", explique Yves Bauer, trombone basse solo à l'ONL. 75% des musiciens de l'Orchestre ont joué le jeu : se filmer avec un téléphone portable en mode paysage en train d'interpréter la célèbre Canchon dormoire d'Alexandre Desrousseaux. Vingt d'entre-eux ont chanté, en plus d'avoir joué de leur instrument.Le rôle d'Yves Bauer a été de centraliser les vidéos, de les récupérer et de les confier entre les mains -ou plutôt les oreilles- expertes de Fabrice Buirette, mixeur et Jean-Jacques Charles, arrangeur.
En préambule, un message à destination des habitants des Hauts-de-France, qui soignent, aident ou tout simplement travaillent, et à qui cette création est dédiée.
Berceuse, tube avant la lettre, avant d'être entonnée par les militaires
Ecrite par le poète lillois Alexandre Desrousseaux en 1853, L'Canchon dormoire raconte "la vie des petites gens à Lille, explique Eric Lemaire, musicologue. Notamment avec le personnage de la dentellière. Desrousseaux a toujours voulu raconter la vie des petites gens. Ici dans une courée."
Avec 100 000 exemplaires vendus entre 1853 et 1890, c'est un véritable "tube". Les cliques, les fanfares ont repris très vite la chanson. Les publicités se sont multipliés autour. "C'est un tube avant la lettre", notait en 2003 Serge Dillaz, archiviste à la mairie de Lille. Lors de la guerre contre la prusse en 1870 et lors de la première guerre mondiale, cette berceuse deviendra une marche entonnée par les militaires français.