Jessica, Cathy et Aurélien sont au chômage. Leur point commun : se sentir invisible et coupable de leur situation, comme des millions d'autres chercheurs d'emploi. Ils témoignent de cette remise en question permanente de leurs capacités professionnelles et personnelles durant leur recherche d'emploi. Un emploi dont dépend leur avenir.
C'est Frédéric Schneider lui-même qui expose la génèse de son film "Chercheurs d'avenir" dès les premières secondes du documentaire : Pendant plusieurs mois, j'ai suivi Cathy, Aurélien et Jessica dans leur recherche d'emploi.
Comme eux, je me suis senti invisible, j'ai ressenti l'isolement, l'exclusion, la perte de confiance en soi. [...]. Avec ce film, je veux mettre en lumière celles et ceux qui font face à cette épreuve
Etre chômeur a bouleversé mon rapport aux autres et à la société
Frédéric Schneider - Réalisateur
Jessica : un bac +3 et un petit boulot
Elle vit avec son fiancé et les 2 enfants de ce dernier. Malgré son diplôme juridique (bac+3) obtenu au Gabon, elle peine à trouver un job dans son secteur. Entre rédaction de CV et formation aux outils numériques, elle accepte les missions d'intérim dans la restauration ou l'entretien. Autant pour des raisons alimentaires que pour ne pas devenir folle pendant sa recherche. Elle se reproche d'être un frein aux objectifs de la famille.
Aurélien : être en fin de droit
En fin de droits et loin de sa famille, il peut compter sur des amis fiables qui l'ont sorti de galères mais reste profondément seul face à l'absence de résultats dans sa prospection, inversement proportionnelle à l'énergie déployée.
Cathy : une quinqua au bord du burn-out
Bien que très similaire, l'histoire de Cathy diffère de celle de Jessica et Aurélien. A l'aube de la cinquantaine, Cathy est au bord du burn-out. Après plusieurs décennies de travail en usine, elle décide de changer de vie pour en retrouver le sens. Elle a fait bouillir la marmite pendant des années, mais ses enfants élevés, elle réfléchit au plaisir du travail.
Elle fait partie de cette "grande démission" évoquée pendant la pandémie de Covid aux Etats-Unis.
La grande démission
C'est en 2019 que le terme apparaît à l'initiative d'Anthony Klotz, qui anticipait qu’une fuite massive du marché du travail salarié était une suite logique des dérives du modèle capitaliste moderne. Selon lui, ce modèle a pris pour pierre angulaire la soumission des salariés aux intérêts de la finance.
Si les perspectives de retrouver un emploi sont mauvaises, on évite de démissionner. Et pourtant alors que la pandémie de Covid s'abat sur le monde, le taux de démission américain passe de 2.5% à plus de 13%.
Insatisfaits de leur travail et/ou de leur salaire, ce sont des millions d'américains qui lâchent chaque mois leur boulot, allant à l'encontre de tous les modèles économiques connus jusqu'ici.
Tous les secteurs d'activité sont touchés, mais plus particulièrement la vente et la restauration.
La contagion, aussi rapide que celle du Covid, gagne bientôt la France et perdure dans le temps. Les métiers de l'hôtellerie et de la restauration en subissent particulièrement les conséquences, comme le montre ce reportage de nos confrères de France 24.
Dans un entretien accordé à Indeed, le mégamoteur de recherche d'emploi, Eric Gras analyse l'enquête Opinion way "les salariés et la démission", confirmant bien que le "big quiet" a gagné la France. Il préfère quant à lui parler de "grande mutation" que de grande démission. Un podcast à écouter ici.
>>> "Chercheurs d'avenir", un documentaire diffusé ce jeudi 13 avril 2023 à 22h50 sur France 3 Hauts-de-France. A voir en en replay jusqu'au 13 mai sur france.tv
Un film de Frédéric Schneider
Coproduit par No School Productions, Ladybirds Films et France Télévisions.