Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France et ancien ministre de la santé, témoin dans le procès du Médiator

Ministre de la santé lorsque le scandale du Médiator a éclaté, Xavier Bertrand, actuellement président de la région Hauts-de-France, va être entendu dans le cadre du procès intenté au laboratoire Servier, le fabricant de cet antidiabétique détourné en coupe-faim.

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"Je pense que c'est Servier qui a demandé à ce que je témoigne. On verra quelle est leur stratégie". Le 6 février, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, sera entendu dans le cadre du procès du Médiator le 6 février. Un procès qui a commencé en septembre 2019 et qui devrait prendre fin en avril 2020.
 

Ministre de la Santé de 2005 et 2007 et de 2010 à 2012


Lorsque le scandale de cet antidiabétique utilisé comme coupe-faim éclate, Xavier Bertrand est ministre du travail, de l’emploi et de la santé du troisième gouvernement Fillon. Il avait déjà occupé ce portefeuille ministériel entre 2005 et 2007. La multiplication des alertes sur ce médicament conduira à son retrait du marché en 2009.

Les services de l'Etat n'ont pas fait le travail qui devait être fait et qui n'ont pas respecté les règles en terme de conflits d'intérêt.


"Je vais expliquer comment j'ai été amené à réagir, à refaire la chronologie des faits. Je voudrais expliquer qu'à chaque fois, à chaque alerte, le doute a bénéficié à Servier. Les services de l'Etat n'ont pas fait le travail qui devait être fait et qui n'ont pas respecté les règles en terme de conflits d'intérêt, avoue l'ancien ministre de la santé de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Mais le premier responsable, c'est Servier. Les services de l'Etat, notamment l'Agence du médicament, n'ont pas su protéger les Français qui prenaient du Médiator."
 
Le coupe-faim des laboratoires Servier déguisé en antidiabétique a réussi une véritable gageure : vendu pendant 33 ans en France, le médicament a toujours été remboursé au taux maximal de la sécurité sociale.

"Xavier Bertrand a eu des positions très claires dès le départ du dossier, explique Me Christophe Donnette, avocat d'une trentaine de victimes picardes du Médiator. C'est lui qui a imposé que les frais des examens médicaux nécessaires à l'incrimination du Médiator soient pris en charge par la Sécu. Un formulaire spécifique a même été crée pour les victimes du Médiator quand il était ministre de la santé".
 

Supposée complaisance des pouvoirs publics à l'égard de Servier


En mars 2011, Xavier Bertrand demande au laboratoire Servier d'indemniser totalement les victimes. Deux mois avant, sur Europe 1, celui qui était alors ministre de la santé avait reconnu sa "part de responsabilité" dans cette affaire. En 2010, il charge l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) d'enquêter pour savoir comment des prescriptions autres que pour un diabète sévère ont pu être faites.  L'IGAS rendra son rapport le 15 janvier 2011.
 
Xavier Bertrand devra certainement expliquer pourquoi, lors de son premier passage au ministère de la santé entre 2005 et 2007, il n'a pas interdit la commercialisation du Médiator malgé les alertes et l'arrêt des ventes dans de nombreux pays. Il devra peut-être également répondre aux questions sur une supposée complaisance des pouvoirs publics à l'égard de Servier, géant de l'industrie pharmaceutique.


Une loi votée, c'est bien. une loi appliquée, c'est mieux.


"Ce que j'attends, c'est que les responsables payent et que la justice passe, précise le président de la région Hauts-de-France. Donc si mon témoignage peut y contribuer... Je vais redire ma part de vérité. Aujourd'hui, avec les nouvelles règles, on peut mieux protéger les Français."
 
 
Les dates clés du scandale du Médiator
*1973 : demande d'Autorisation de lise sur le marché (AMM) pour le Mediator, nom commercial du benfluorex, une substance chimique proche de l'amphétamine.  
*1974  : octroi de l'AMM  pour trois indications : troubles métaboliques glucido-lipidiques athérogènes, trouble du métabolisme des lipides, trouble du métabolisme des glucides.  
*1976 : rejet de la demande d'AMM aux Pays-Bas.  
*1978 : rejet de la demande d'AMM en Belgique.  
*1979/ 1992/ 1997 : renouvellement d'autorisation de mise sur le marché en France.  
*Février 1999 : premier signalement d'un  cas de "valvulopathie", dysfonctionnement des valves cardiaques.  
*Juin 1999 : premier signalement d'un cas d'HTAP, hypertension artérielle pulmonaire.   
*2003 : retrait du médicament en Espagne et en Italie.   
*Novembre 2009 : retrait du médicament à la suite de l’alerte lancée par le docteur Irène Frachon aux autorités sanitaires.  
*Juin 2010 : suspension de l'AMM du Mediator par la Commission européenne.  
*15 janvier 2011 : rapport de l'IGAS, l'Inspection générale des affaires sociales.   
*Février 2011 : ouverture de deux informations judiciaires au pôle de santé de Paris : l’une pour tromperie, escroquerie et trafic d’influence, l’autre pour homicides et blessures involontaires. 
*Avril 2011 : création du fonds d’indemnisation spécifique pour les victimes du Mediator sous l’égide de l’ONIAM, l’Office National d’Indemnisation des Accidents Médicaux. Un collège d’experts examine les dossiers et transfère les demandes d’indemnisation aux laboratoires Servier.
*21 sept 2011 : mise en examen de Jacques Servier, le fondateur des laboratoires du même nom, pour "tromperie et escroquerie" puis "homicides et blessures involontaires" en décembre 2012.   
*22 mai 2012 : le premier procès pénal de Jacques Servier et de son laboratoire, à Nanterre, est reporté pour une question de procédure.   
*19 mars 2013 : l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est mise en examen pour "homicides et blessures involontaires", soupçonnée d'avoir négligé les alertes sur la dangerosité du médicament.
*16 avril 2014 : décès à 92 ans de Jacques Servier. Extinction de l'action publique le concernant.   
*22 oct 2015 : le tribunal de grande instance de Nanterre reconnaît, pour la première fois, la responsabilité civile des laboratoires Servier.   
*22 sept 2017 : la Cour de cassation juge les laboratoires Servier responsables civilement pour avoir maintenu la commercialisation du médicament qui "présentait un défaut" d'information sur ses risques.   
*23 sept 2019 : ouverture du procès pénal au tribunal correctionnel de Paris
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