VIDEO. Orchestre à l'école : comment la musique classique a adouci la vie d'un quartier populaire près d'Annecy

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L'école de la Jonchère, dans un quartier populaire de Seynod, près d'Annecy, a une classe-orchestre depuis plus de 20 ans
Dernière répétition pour les élèves de la Jonchère à Seynod avant leur concert à Paris dans le cadre de l'opération Orchestre à l'école ©France 3 Alpes / I. Pernet-Duparc - S. Worreth - JP. Ardito - Q. Maury

Dernière répétition pour les élèves de la Jonchère à Seynod, avant leur concert à Paris, dans le cadre de l'opération Orchestre à l'école. Ces enfants, qui vivent dans un quartier populaire de l'agglomération d'Annecy, vont interpréter Aladin lors d'un ciné-concert à l'Institut du Monde Arabe ce vendredi.

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"Au premier abord, quand on te dit que tu vas faire de la musique, en CM2 ou en CM1, t'accroches pas tout de suite" : Inès Drich est une collégienne issue du quartier Champ Fleuri à Seynod, dans l'agglomération d'Annecy. Et elle ne s'en cache pas, la musique classique, ce n'était pas tout-à-fait inné pour elle.

Dans sa famille, elle est la seule à jouer d'un instrument, en l'occurrence de la flûte. "Au début, quand t'apprends les notes, faut bien travailler parce que sinon tu n'y arriveras pas du tout. Au début, j'étais pas très confiante, mais après plusieurs années, j'ai beaucoup aimé", ajoute-t-elle dans un sourire.

Elle fait partie des enfants du quartier qui ont bénéficié du programme Orchestre à l'école au sein de son établissement scolaire. Chaque année, une classe se transforme en ensemble musical et donne des concerts à Paris. 

Concerts à l'Olympia ou au Sénat

Cette année, les élèves de l'école de la Jonchère se produiront à l'Institut du Monde Arabe à Paris, ce vendredi 5 mai. Inès a, elle, foulé la scène de l'Olympia, ce qui a fortement impressionné ses proches. 

"Quand je suis allée à l'Olympia, ils étaient époustouflés, ils étaient contents pour moi. Ils ont dit que l'Olympia c'était un endroit magique, une salle mythique. Je l'aurai fait au moins une fois dans ma vie", poursuit la pré-adolescente. "Ma mère est assez contente parce qu'il n'y a pas beaucoup d'écoles en France où il y a ça. Du coup, elle est assez fière que je fasse de la flûte et que je fasse des concerts", se réjouit la jeune fille. 

Renouer le lien social dans le quartier

Ce quartier populaire, une ZUP construite dans les années 1970, rassemble 2000 logements. À la fin des années 2000, son école était loin d'avoir bonne réputation. 

"Historiquement, ils ont construit la banlieue en centre-ville", explique Yannick Kang Shik Chevallier Ruin, le coordinateur dispositif musical de la Jonchère.

"Donc, il y avait une urgence à répondre à des questions liées à la jeunesse, à la politique de la ville, à la tranquilité publique, à des démarches aussi de prévention et puis de soutien au niveau de la scolarité, au niveau culturel, artistique et éducatif".

"Au début des années 2000, nous avons essayé de trouver une solution pour recréer du lien social entre les enfants des différents milieux", poursuit Olivier Barry, conseiller municipal élu depuis 1995.

"On a pensé à l'éducation musicale puisqu'à Seynod, on avait une école de musique d'un bon niveau et donc nous avons développé cette école de musique, mais dans l'école".

Et vingt ans plus tard, il semble que le cliché n'en soit pas un : la musique a clairement adouci les mœurs à Champ Fleuri. L'école joue son rôle de creuset du lien social. 

"L'idée, c'est que les enfants s'épanouissent ensemble. Les élèves qui partent au collège ensuite reviennent dans l'orchestre, il y a en a qui continuent des formations musicales au conservatoire. Il y a un souci du travail et une rigueur qui sont prédominants dans cette démarche", ajoute Olivier Barry. 

"Cela m'a appris à être plus indépendante", déclare Inès. 

Concentration, indépendance et rigueur

Le coordinateur dispositif musical de la Jonchère confirme : "c'est un soutien au niveau des apprentissages scolaires, c'est-à-dire qu'en faisant de la musique les élèves apprennent à se concentrer, à être dans l'écoute", dit-il.

"Cela permet aussi de prendre une part active dans la vie culturelle de la cité et donc ça a complètement changé le climat de l'école. Il a fallu du temps mais on y arrive", ajoute Yannick Kang Shik Chevallier Ruin. 

La formule fonctionne ici, dans une école qui rassemble 23 nationalités. De quoi avoir envie de reproduire le modèle. D'autres projets de classes-orchestres sont à l'étude dans l'agglomération annécienne. 

D'après l'association Orchestre à l'école, "155 000 enfants ont participé à l'aventure, depuis la création du premier orchestre à l'école en 1999".

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