C'est une première dans le département du Puy de Dôme : un centre de santé communal a ouvert ce lundi 2 janvier à Olliergues dans le Livradois-Forez. La commune n'avait plus de généraliste depuis 2018, et ne parvenait pas à trouver de successeur. Une première praticienne salariée par la commune a pris ses fonctions. Le centre reçoit des patients 3 jours par semaine, en attendant d'autres renforts.
Ce lundi 2 janvier à Olliergues (Puy-de-Dôme), le docteur Céline Preux, médecin salariée par la commune, rencontre ses nouveaux patients. C’est l’ouverture d’un tout nouveau centre de santé dans ce désert médical. C'est la première consultation pour une maman et son nourrisson : « Je viens parce que je cherche un médecin traitant pour moi et pour lui aussi », explique cette patiente. Olliergues n'avait plus de médecin généraliste depuis 2018.
Le manque se faisait ressentir : le planning des deux premières semaines est déjà complet. « Je m’attendais à ça dans le sens où il y a pas mal de médecins aux alentours qui partent en retraite ou qui sont partis. Il y a une demande en termes de suivi. Je n’ai reçu que des patients qui avaient leur médecin très proche de la retraite ou qui n’arrivaient pas à trouver de médecin traitant jusque-là. Au niveau géographique, les patients sont proches d’Olliergues, il y avait un réel besoin sur le secteur. Il y a une demande nationale, sur tout le territoire. Quitte à s’installer, autant s’installer dans un endroit où il y a des besoins, mais c’est un peu le cas partout », indique le docteur Preux. Dans ce centre, une assistante médicale l’épaule dans les tâches administratives. Une aide qui lui permet de consacrer plus de temps aux patients.
Les créneaux d'urgence déjà remplis
Dans la salle d'attente, des patients de la commune de 800 habitants et aussi des alentours. Gregory vient d'Ambert, à 25 kilomètres : « Je n'avais plus de médecin depuis 3 ans. J’ai appris par les réseaux sociaux qu’un cabinet avait ouvert à Olliergues et je suis venu. Mon médecin était à Marsac mais il a arrêté, il est parti à Clermont pour exercer alors dès que le centre de santé a ouvert, j’ai pris rendez-vous. Je n’ai pas de problème de santé mais je ne sais pas ce qu’il en sera demain, et le jour où ce sera le cas, je me dis que je ne saurais peut-être pas où aller. C’est ça le problème. »
Faute de parvenir à attirer un médecin libéral, le maire Arnaud Provenchère (SE) a décidé de créer ce centre de santé communal : les médecins sont salariés de la commune, qui perçoit les honoraires des consultations et des aides de l'agence régionale de santé. « En 2018, lorsque le dernier médecin est parti, nous avons lancé un programme de recherche pour l’installation d’un médecin en libéral. Devant ce constat d’échec, nous avons lancé la création d’un centre de santé municipal. Le principe est de recruter des médecins généralistes salariés pour qu’ils exercent dans notre structure. Il y avait un réel besoin. Depuis des années, on est convaincus de la demande. Par exemple, les créneaux d’urgence ont été remplis dans la journée, car il y a des créneaux d’urgence ouverts 24 heures avant. La prise de rendez-vous se fait sur Doctolib et les personnes peuvent faire appel à France Service pour prendre rendez-vous. » Et sa méthode donne déjà des idées à d’autres : « Je pense que c’est le premier centre du Puy-de-Dôme mais ce ne sera sûrement pas le dernier. J’ai été contacté par d’autres maires d’autres collectivités qui souhaitent créer des projets similaires. » Le maire explique s'être aligné sur le salaire des médecins généralistes en centre hospitalier pour rémunérer le docteur.
Recruter de nouveaux médecins
Avec une seule praticienne pour l'instant, le centre est ouvert 3 jours par semaine, mais le recrutement n'est pas terminé, selon Arnaud Provenchère : « Le premier médecin a débuté son activité sur la base de 70% d’un équivalent temps plein. Un deuxième médecin va arriver début septembre, avec 40% d’un équivalent temps plein et nous cherchons un troisième médecin pour obtenir deux équivalents temps plein. On peut revoir l’organisation à tout moment en fonction du recrutement. » Une aide qui ne serait pas de refus pour le docteur Preux : « Ce serait bien qu’on soit 3. Ça permettrait d’avoir des horaires d’accueil beaucoup plus larges. Là, ça reste restreint. On est sur des horaires de journée, pour les gens qui travaillent ce n’est pas très pratique. On a mis des samedis, pour permettre à ceux qui travaillent de venir aussi mais c’est vrai que 3 jours par semaine, cela ne remplit pas un planning. » Une plaque flambant neuve qui devrait en appeler d'autres. Olliergues a trouvé une solution pour lutter contre la désertification médicale : cette structure municipale, la première du Puy-de-Dôme, intéresse déjà d'autres mairies.