Mathieu Prix a lancé une pétition en ligne. Ce généraliste parisien proteste contre la nouvelle réforme de l'assurance maladie et la détérioration des conditions de travail des médecins de garde.
"Je suis généraliste à Paris et je fais aussi des gardes de nuit et le week-end en maison médicale de garde", écrit le Dr Mathieu Prix en introduction de sa pétition sur Change.org. En octobre dernier, il a lancé un appel pour "sauver les maisons médicales de garde". Il s’agit d'établissements médicaux qui accueillent des patients lorsque les cabinets des médecins généralistes ou les centres médicaux sont fermés. "Cela peut être le week-end, la nuit ou les jours fériés", précise le médecin.
"Cela évite d'aller aux urgences ou permet de trouver un médecin quand les patients n'ont pas d'autres solutions", poursuit le professionnel de santé.
Selon le médecin qui exerce dans une maison médicale de garde du 19ème arrondissement le week-end, les patients consultent le plus souvent les médecins de garde pour "des pathologies comme la grippe, des plaies superficielles ou une entorse de la cheville. Ce n'est pas de la grande médecine mais c'est essentiel pour les patients. Cela leur permet d'éviter des situations plus graves".
🎥 Les maisons médicales de garde sont en danger !
— Change.org France (@ChangeFrance) December 13, 2024
Mathieu, médecin généraliste, alerte via une pétition : ces structures essentielles pourraient disparaître.
🩺 Elles permettent des soins accessibles en soirée et weekends, évitant les urgences saturées.
🚨 Mais dès le 22/12, une… pic.twitter.com/N6U4c08Ns6
"Une majoration moins importante qu'avant"
Dans son viseur, la nouvelle convention de l'assurance maladie entrée en vigueur le 22 décembre dernier. Avant cette réforme, les médecins en maison médicale de garde recevaient une majoration de 19,06 euros les week-ends et jours fériés ou 35 euros pour une consultation après 20 heures. "Maintenant cette majoration tombe à 5 euros, soit une diminution de 75 à 85%", regrette Mathieu Prix.
Il craint que ces nouveaux tarifs ne forcent de nombreux établissements à fermer leurs portes. "La majoration est un moyen de compenser la pénibilité du travail de nuit ou le week-end. Si elle tombe à 5 euros, des collègues ne viendront plus et les maisons médicales de garde ne pourront ouvrir que quelques jours par semaine. Cela mènera sans doute à leur fermeture", détaille-t-il.
À terme, ces fermetures "priveront de soins des personnes qui en ont besoin. Cela va aussi créer un désert médical national et va ramener du monde aux urgences qui sont déjà pleines", déplore le médecin. Enfin, il craint que ces potentielles fermetures coûtent davantage d'argent aux patients et à la sécurité sociale.
Des réunions entre les autorités et les médecins de garde
Adressée au Ministère de la Santé, à la CPAM et à l'ARS, la pétition a été créée pour "demander à ces autorités de soutenir les médecins dont les conditions de travail sont déjà très compliquées", selon son créateur. "Un médecin dort mal, travaille 70h par semaine, souffre de chaque décès évitable, en particulier quand il est dû aux carences de notre système de soins", écrit Mathieu Prix dans sa pétition qui compte plus de 60 000 signatures ce vendredi. Le généraliste souhaite que les autorités se "rendent compte de l'importance de notre travail, de l'aspect vital de ce que l'on fait pour nos patients".
En réponse à cette pétition, l'ARS Île-de-France indique qu'elle a débuté, en lien avec la CPAM et l’ensemble des acteurs de la permanence des soins ambulatoire dont font partie les médecins de garde, un cycle de réunions à partir du 19 décembre. Ces réunions ont pour but de "mettre en place l’organisation adaptée au cadre nouvellement défini par la convention médicale", d'après l'Agence Régionale de Santé d'Île-de-France. Selon l'ARS, Paris est doté de maisons médicales de garde et 8 points fixes de garde. Selon Mathieu Prix, les maisons médicales de garde parisiennes accueillent 35 000 patients par an.