VIDÉO. L'intelligence artificielle pour alerter sur des feux de forêt dans les Alpes-Maritimes

À Tourrettes-sur-Loup, petite commune des Alpes-Maritimes proche de Nice, les sapeurs-pompiers testent des capteurs basés sur l'intelligence artificielle pour détecter au plus vite les départs de feu de forêt.

Dans cette commune de l'arrière-pays niçois, le risque incendie est fort. Le village de 4 000  habitants de Tourrettes-sur-Loup est en effet entouré de zones boisées.

 Avec 30 km², la commune est à 80% en zone rouge de risque de feux de forêt.

Depuis le mois de juin des capteurs basés sur l'intelligence artificielle pour détecter au plus vite les départs de feu de forêt y sont installés sur la tour du village mais aussi sur un belvédère naturel dans la campagne environnante.

En tout, cinq détecteurs fonctionnent ici en permanence, chacun prenant toutes les cinq secondes une photographie de sa zone.

L'intérêt de ces capteurs est de pouvoir détecter en moins de cinq minutes une fumée issue d'un incendie de forêt, et ce 24 heures sur 24 et 365 jours par an

Pierre Borghini, un pompier professionnel de Nice qui a fondé la société distributrice de ces détecteurs.

Le dispositif 

Dès qu'une fumée suspecte est détectée, l'alerte est donnée sur le téléphone du maire et auprès de la Force opérationnelle "risques catastrophes environnement" du département (Force 06), qui relaie l'information auprès des pompiers. En cas d'alerte, le maire ou les agents de cette force entendent une sonnerie sur leur téléphone et reçoivent la photo de l'endroit où la fumée a été détectée ainsi que
son point GPS.

Les détecteurs SmokeD sont déjà très utilisés aux États-Unis :

Je me dois de protéger les habitants, le patrimoine, mais aussi l'environnement, ça fait partie de mes fonctions de maire. Nous avons déjà eu par le passé un certain nombre d'incendies, la mise en place de ces dispositifs était quelque chose d'important.

explique Frédéric Poma, maire de Tourrettes-sur-Loup et également pompier volontaire.

Installés à titre gracieux, ces cinq détecteurs, fabriqués en Pologne, lui reviendront à 6 000 euros de location par an, si la commune poursuit l'expérience dans un an.

"L'intelligence artificielle amène ce petit plus qui est la comparaison entre elles des photos prises à intervalles réguliers, un peu comme un jeu des sept erreurs, ce qui permet d'analyser l'apparition d'une fumée à la suite d'un départ d'incendie", détaille Pierre Borghini, pompier professionnel.

Ces caméras permettent la "levée de doute." C'est-à-dire qu'elles vérifient la présence d'une fumée lorsqu'il y a déjà eu une alerte, tandis que ces détecteurs produisent l'alerte.

Ensuite des humains évaluent la situation avec les caméras de Force 06, pour décider des moyens à déployer sur le terrain.

La technologie comme un plus

Chef des opérations du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis 06), le commandant Xavier Wiik estime que ces technologies sont " un réel plus".

Des drones équipés de caméras thermiques sont également employés dans le département des Alpes-Maritimes. 

"Plus le feu est détecté rapidement, plus la levée de doute est fiable, et plus vite nous pouvons envoyer les moyens adaptés, des hommes au sol avec des camions ou des hélicoptères bombardiers d'eau", précise ce professionnel du feu.

Cependant, ces capteurs trouvent surtout leur intérêt dans des zones éloignées du littoral. Sur la côte méditerranéenne, très urbanisée et fréquentée par les touristes, la détection est faite par les appels au 18 ou au 112 assez rapidement.

Depuis le début de la saison estivale, près d'une centaine d'hectares de végétation sont partis en fumée dans les Alpes-Maritimes, contre 36 l'été dernier qui avait bénéficié de conditions tropicales et d'un air humide peu propice aux incendies.