Le maire de Béziers Robert Ménard, proche du Front national, a pris l'initiative inhabituelle de défendre lui-même jeudi devant le tribunal
administratif de Montpellier sa "consultation" municipale sur "l'installation de nouveaux migrants" attaquée par la préfecture de l'Hérault.
La préfecture a saisi la juridiction administrative en référé pour suspendre une délibération municipale du 18 octobre prévoyant l'organisation le 8 janvier 2017 d'une "consultation" de la population de Béziers, appelée à se prononcer sur la question: "Approuvez-vous l'installation de nouveaux migrants, imposée par l'Etat, sans consultation du conseil municipal?"
La délibération municipale visée avait été votée après l'annonce préfectorale de l'ouverture de 40 places supplémentaires dans le Centre d'accueil des demandeurs d'asile (Cada) de Béziers, géré par la Cimade.
Le représentant de la préfecture, Nicolas Tinier, s'est fondé sur le code des collectivités territoriales stipulant que "le conseil municipal règle les affaires de la commune" pour défendre le "doute sérieux sur la légalité" du texte municipal.
Ce n'est pas de la compétence du conseil municipal
"Le conseil municipal n'a aucune compétence pour traiter d'une attribution régalienne comme l'accueil des demandeurs d'asile", a-t-il insisté, jugeant par ailleurs que la formulation de la question était "orientée".Robert Ménard, habituellement représenté par un avocat, a défendu le point de vue du conseil municipal de sa ville de 75.000 habitants.
La commune est "compétente concernant les modalitésd'installation de populations étrangères", a-t-il assuré dans des interventions plus politiques que juridiques qui lui ont valu plusieurs rappels à l'ordre de la juge, Marianne Hardy.
Coutumier des polémiques, notamment sur l'immigration et la sécurité, l'ancien président de Reporters sans frontières a qualifié les demandeurs d'asile de "faux réfugiés qui sont autant de vrais migrants". Lorsqu'ils sont déboutés, "ils restent dans la ville", a affirmé le maire, élu en 2014 avec le soutien du Front national et à la faveur d'une triangulaire, qualifiant la décision de la préfecture de "coup de poignard dans le dos".
Beaucaire : commune anti-migrants
Dans trois autres communes du Sud-Est, dirigées par le Front national, des collectifs d'opposants ont annoncé mardi avoir saisi la justice administrative pour faire annuler des motions anti-migrants pris ces derniers mois par leurs conseils municipaux.Des recours ont été déposés concernant les motions votées à Beaucaire (Gard), et à Fréjus et au Luc, dans le Var, ont précisé ces associations, épaulées par l'opposante PS de Fréjus Elsa di Méo. "Notre démarche est initiée par le seul respect de la dignité humaine et par le souci de réserver un accueil convenable à ceux qui ont fui la guerre, les persécutions ou la misère", précisent ces associations.