Les intermittents du spectacle, déjà présents au théâtre de l'Odéon à Paris, étendent leur mouvement à la province, où ils ont investi cinq autres théâtres. A Montpellier, ils occupent depuis 2 semaines, le centre dramatique national, humainTROPhumain à Grammont.
Les théâtres de Strasbourg, Bordeaux, Lille, Montpellier et Caen accueillent des intermittents, déjà présents au théâtre de l'Odéon à Paris, alors que les négociations reprennent, ce mercredi, sur leur régime d'assurance chômage.
A Montpellier, le centre dramatique national humainTROPhumain, ancien théâtre des 13 vents, est également occupé depuis 15 jours.
A tour de rôle, depuis le 12 avril, une dizaine d'intermittents du spectacle occupe le centre dramatique national de Montpellier. Ils ne bloquent ni les spectacles, ni l'accueil du public mais ils sont là. Ce lieu symbolique est devenu leur QG, et aussi un point de convergence des luttes.
Le directeur du centre dramatique est solidaire de leur mouvement.
Une occupation reconduite jusqu'à vendredi, après un vote de 150 personnes présentes, lors d'une assemblée générale, mardi soir
Alors que les négociations sur l'assurance chômage sont en cours à Paris, les intermittents du spectacles dénoncent les coupes budgétaires et les menaces qui pèsent sur leur avenir.
En marge de l'occupation du théâtre, les intermittents multiplient les actions. Le 19 avril au soir, ils ont improvisé un apéro devant le bâtiment du MEDEF à Montpellier. Ils dénoncent la main mise du patronat sur les négociations.
A l'heure où beaucoup d'entre eux n'ont déjà plus suffisamment de contrats pour leur ouvrir des droits, le MEDEF veut faire 185 millions d'euros d'économies d'ici 2018, en durcissant encore les conditions d'accès au statut d'intermittents du spectacle, précisément l'inverse des revendications des professionnels.
A deux mois de l'été et de l'ouverture de nombreux festivals, le dossier est pour le moins sensible.
Reportage F3 LR : C.Agullo et J.P.Faure (20 avril 2016).
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©F3 LR
A Strasbourg, les intermittents se sont réunis en assemblée générale mardi soir dans une salle du Théâtre national et ont voté une occupation symbolique, sans impact sur les deux représentations qui avaient lieu le soir même.
Même situation à Bordeaux, où le théâtre national Bordeaux-Aquitaine (TnBA) était occupé mercredi, mais sans bloquage, les représentations ayant eu lieu normalement mardi.
En Normandie, la Comédie de Caen avait mis à disposition des intermittents depuis une semaine un petit théâtre de 250 places, le Théâtre des cordes, où il n'y a pas de spectacle à l'affiche.
A Lille, le Théâtre du Nord était occupé mercredi et un message des intermittents était lu avant chaque représentation.
Mardi soir, une cinquantaine d'intermittents et de participants au mouvement Nuit Debout ont investi la Comédie Française, entraînant l'annulation de "Lucrèce Borgia".
Un peu plus tôt, c'est la représentation de "Phèdre (s)" avec Isabelle Huppert qui avait été annulée au Théâtre de l'Odéon, occupé depuis dimanche.
Lundi, les négociations s'étaient soldées par un échec, mais un nouveau rendez-vous a été fixé mercredi après-midi, à la veille d'une journée nationale de mobilisation contre le projet de loi travail.
Les artistes et techniciens du spectacle bénéficient de règles spécifiques d'indemnisation du chômage, maintes fois critiquées pour leur coût. Le déficit de ce régime atteint environ un milliard d'euros chaque année, soit environ un quart du déficit général.
Un cadrage financier, proposé le 24 mars par la partie patronale et signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (syndicats minoritaires dans le spectacle) impose un effort global de 185 millions d'euros d'économies en année pleine d'ici à 2018 aux intermittents, mais suggère que l'Etat en compense une partie, à hauteur de 80 millions.
Des conditions jugées "inacceptables" par la CGT et la Coordination des Intermittents et précaires (CIP) qui menacent aussi de perturber les prochains festivals.